The ANIMALS "The Decca years" Castle.
J’ai passé la soirée d’avant-hier avec une dizaine de record-spinners (des Djs comme disent les caves.) Des types avec des piles de 45t originaux, des disques incroyables, des trucs introuvables. Des heures et des heures de Beat, de Soul, de Rhythm’n’blues, Blanc et noir. Pouvez-vous croire qu’il ne me semble pas avoir entendu un seul morceau des ANIMALS de toute la soirée ? Des trucs complètement obscurs, des trésors underground à foison, ça oui ! Mais pas un morceau des ANIMALS. Savez vous pourquoi ? Probablement parce que les ANIMALS étaient trop populaires à l’époque. Y compris en France où, pour une fois, nous n’étions pas en retard de quatre trains. Un choix trop évident. Alors que ces types transpirent la musique du diable par tous les pores de leur peau ? Incroyable non ? On s’en fout parce qu’on va découvrir ici la face un peu cachée du groupe de Newcastle. Le monde entier les connaît pour leurs titres enregistrés chez EMI en ’63, ’64 (House of the rising sun, I’m crying etc …) et Castle, avec the Decca years, nous propose les enregistrements après la signature sur le label rival, morceaux qui sont la suite logique de la période précédente. Pas de bouleversement total mais une évolution tangible vers un son plus cru, plus rugueux, plus en phase encore avec les Bo Diddley et Jimmy Reed tellement chers à leur cœur, Ca roule, tambourine de toute son âme, se compromet même avec la fuzz … C’est vivant ! La voix d’Eric Burdon vous monte au cervelet plus vite qu’un shoot d’adrénaline. INCARNANT ce bazar comme aucune autre. Wild, wild animalism.
The BELFAST GYPSIES "Them" Rev ola.
Tirons tout de suite les choses au clair : Deux des types des BELFAST GYPSIES (Them, Rev-ola) jouaient au sein des protéiformes THEM de Van Morrison. D'où le nom du disque. L'analogie ne s'arrête pas là. Prenez le plus venimeux des sus cités THEM, les morceaux de '64 du genre de "Mystic eyes" ou "baby please don't go", et faites en jouer des dérivés apocalyptiques par une bande de névrosés, le tout sous la houlette de Kim Fowley, ce cinglé notoire. Vous aurez une petite idée de ce que proposaient les gitans de Belfast quand tous leurs copains de classe commençaient à se laisser pousser des cheveux sous le nez et à prendre du bide. Quelques reprises, quelques rip-offs, des originaux dévastateurs aux noms évocateurs "People let's freak out", "Suicide song", "secret police", "The crazy world inside me", ce disque propose tout simplement ce qu'il se faisait de plus sauvage en '66 en Europe. Dans le monde. Il y aurait de quoi éclairer toute une ville avec l'énergie que déploie cette chose chaque fois que je la pose sur ma platine. PEOPLE LET'S FREAK OUT ! Et si vous croyez tomber sur un truc monolithique juste bon à se secouer dans tous les sens sur un Diddley-beat atomique, flake off brothers ! Mettez vous "It's all over now baby blue" entre les feuilles et vous m'en direz des nouvelles ! Quelle époque de cinglés.
The CHAINS "Til you come back home/The boy who took my place" Screaming apple records.
Vous savez quoi ? Un type a eu une idée fantastique. En observant un de ces CD stériles dans son horrible boitier plastoc, le génie s’est soudain dit qu’il serait cool de graver de la musique des DEUX côtés du disque (évident, mais il fallait y penser) et d’en agrandir le format pour le mettre dans une belle pochette cartonnée. Finie la saloperie de boîtier qui se casse tout le temps et se raye jusqu’à devenir quasi opaque. Il a appelé ça un 45t. Vous devriez bientôt trouver les premiers exemplaires dans votre magasin préféré. Dangerhouse par exemple …
Fidèles à leur style des débuts, les CHAINS (Screaming apple records) continuent d’explorer la face british et blanche du Rhythm and Blues. Celle qui a produit ARTWOODS, ANIMALS et autres SPENCER DAVIS GROUP, Plus particulièrement ces derniers en fait. Pas le genre de choses les plus facile à émuler d’ailleurs. Il ne suffit pas d’avoir de belles vestes et les shades qui vont ; il ne faut pas avoir peur de passer derrière Stevie (Winwood pas l’entité invertébrée de la télévision). Les Canadiens ne s’en sortent pas mal. Pas mal du tout même. Les deux titres balancent bien, sont colorés comme il faut, classieux. Café noir et amphétamines. Orgue Hammond et trait de fuzztone. D’accord, forcément, ce n’est pas du même niveau. Il n’y a pas les mêmes envolées, la nervosité, la classe ultime du SDG. Mais quand même. Ils ne sont pas ridicules, loin de là. Ca a de la gueule
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DR. SPEC’S OPTICAL ILLUSION «trying to mess my mind/She’s the one» Crypt.
Je ne savais pas grand chose de DR. SPEC’S OPTICAL ILLUSION avant de recervoir ce 45t. Je connaissais les titres pour les avoir écoutés sur le «Louisiana punk from the 60’s» de chez Eva à peu près un million de fois depuis Janvier 86, date à laquelle est répertorié dans mes «archives» l’achat du volume 1 (je suis un peu débile, je date tous mes disques lorsque je les ramène à la maison). Je connaissais ces titres donc, du moins le croyais-je parce que l’incroyable traitement sonore dont ils bénéficient ici les ont presque transfigurés. Le son des compilations Eva, malgré les reproches qui ont souvent été faits à cette série, rentrait plutôt dans la catégorie supérieure. Ici, on tutoie l’état de grâce. Crypt, pour rééditer ce 45t, a bénéficié des bandes originales, c’est certain. Le type qui a fait le mastering est un as. Il y a une dynamique, une précision ... Tout ce truc semble vouloir vous exploser à la poire à chaque fois que vous posez l’aiguille du phono sur la cire. «Tryin’ to mess my mind» qui envoyait déjà sévèrement auparavant est devenu un véritable monstre. Le morceau est parfaitement bien écrit, dansable (ce qui ne veux pas dire qu’il a été composé pour ça, cela fait toute la différence entre un truc vibrant et de une daube préfabriquée). Il y a une pulsation incroyable. Tout ici est réuni pour créer un vrai hit garage-punk. Jusqu’à Scott Sherman, le chanteur, qui s’arrache les cordes vocales et ne rend jamais les armes ! Même face à l’organiste qui ne parait pourtant pas prêt à se laisser reléguer à l’arrière plan ... Meurtrier ! «She’s the one», la face B, n’est pas en reste et vaut aussi son pesant de Purple hearts.
Un must-have !
The END "Introspection"Progressive line.
Protégés des ROLLING STONES (Deux des membres fondateurs avaient tourné avec eux en 1964), The END était appelé à un grand avenir. Apparemment tout cela ne s’est jamais concrétisé et il en reste cet album paru en 1968 et une poignée de singles ...
Le nom du disque, certains titres de morceaux tels que «Dream world», «Under the rainbow», «Shades of orange» ne laissent pas beaucoup de doutes sur le champ d’action de The END. Pochette au Fisheye comprise. Certains, Mike Stax pour ne pas le citer, n’hésitent pas à considérer cet album comme l’un des sommets de la vague psychédélique anglaise.
Attention, on n’a pas ici affaire à des élucubrations lysergiques abscondes (on est loin également des bruitages-électroniques-ridicules-pour-faire-psychédélique qui parsèment certains enregistrements américains de la même époque), les morceaux conservent une structure mélodique et une dynamique qui les enracinent clairement dans la pop. Le Colonel dirait qu’on garde un bon beat entre les breaks au phasing ! The END flirte par exemple du côté de KALEIDOSCOPE avec un titre de pure pop-psychédélique comme «Cardboard watch» mais garde des traces de son passé Soul sur d’autres chansons largement imprégnées de Hammond B3.
Le groupe ne nous épargne pas pour autant certains poncifs propres à l’époque et un peu décalés aujourd’hui ... Les flûtes sur «Cardbord watch» (par ailleurs un excellent morceau), le texte ridcule de «Under the rainbow» qu’on ne peut que comparer aux imbécilités débitées par les pires groupes progs à influence héroïque fantaisie. On ne peut de toutes façons pas ignorer que The END fait partie des groupes qui ont foncé tête baissée dans le piège qui a englouti tout le rock anglais jusqu’en 1976.
Malgré ça, «Introspection», suspendu au bord du précipice, reste un superbe album.
The GILOTEENS "GET AHEAD"Teen sound.
Les notes de pochette annoncent la couleur le plus directement possible : «Sixties garage beat/punk is probably the best stuff ever produced». Ca a au moins le mérite d’être clair. Pas besoin d’aller beaucoup plus loin pour savoir de quoi les GILJOTEENS retournent. Une version crue des STROLLERS époque «falling right down» pour faire simple. Plus proches donc de la vague garage millésime ‘85 que ‘66. Rien ne dépasse, c’est le doigt sur la couture du pantalon que les GILJOTEENS délivrent leur mixture. Sympa sans être renversant. Ils respectent tellement les canons du genre qu’on ne peut pas détester, on a juste du mal à s’enthousiasmer. Bon pour délivrer la dose quotidienne de Farfisa et de Fuzz-tone, ce disque de fan manque quand même un peu d’audace. C’est vraiment, vraiment du terrain balisé. Un peu ennuyeux sur la longueur. Manque d’accroche et d’écriture pour compenser le sur-académisme de l’ensemble.
The GROUPIES "Down in the bottom/You changed again" Sundazed.
Si vous êtes arrivés jusqu’a ces lignes, vous connaissez les GROUPIES ... Les GROUPIES de «Primitive», ceux de New York, du Pebbles vol 10. Punks parmis les punks. Ceux qui veulent ce que vous ne voulez pas, qui ne seront jamais ce que vous esperez ... Vous situez ? Sundazed a retrouvé des bandes qui ne semblent pas être sorties ailleurs jusqu’à ce jour. Les GROUPIES avaient émigré en ‘66 vers le soleil de la californie, embrassant semble t-il pour l’occasion une lecture encore plus radicale du blues. Une façon de faire qui m’a rappelé la version hyper crue de «Spoonful» (les deux groupes reprennent Willie Dixon) enregistrée par Q65 en Hollande, à la différence qu’ici les GROUPIES ne semblent pas avoir le même respect pour le matériau de départ. Les 5 ne se gênent pas pour malaxer, tripatouiller, racler leur mixture et en faire une espèce de prototype blues-punk complètement dynamité, limite (?) dérangé. «Down in the bottom» en tête. Le hasard veut que le groupe ait croisé en chemin un certain Neil Hopper, ingénieur du son de son état, et déterminé à documenter sur son magnéto à bande tout ce qui se produisait sur la côte ouest ces années là. Mission accomplie en ce qui concerne les GROUPIES lors d’un concert sur une plage de Californie : «Je me suis arrangé pour garder de la bande pour eux parce que je savais à quel point ils étaient bons» ... Thank you sir !
The HIGHER STATES «from round here» Teen sound.
Bien que ce nouveau groupe semble s’être fait connaître dans les milieux avisés en temps que nouveau projet de Mole, ex-EMBROOKS, il s’agit en réalité du bébé de Marty Ratcliffe, ancien compère de Mole au sein des MYSTREATED. Ce sont les morceaux de Ratcliffe, produits par Ratcliffe lui-même qui composent cet album. Mole, passé à la guitare/voix, change ainsi de nouveau d’univers musical puisqu’il abandonne les rivages Freakbeat/Popsicle de son ancien groupe et retourne à ce qui semble être ses premiers amours ... Les 60’s US. Plus précisément telles que les ont vécues à l’époque des centaines de hipsters navigant aux confins du folk-rock et de sons plus durs élaborés dans les garages sur le modèle des YARDBIRDS ou des THEM. Les HIGHER STATES sont vraiment la combinaison de ces deux types de sons, une formule assez courante à l’époque. Si le site web du groupe annoncait une filiation avec les formations Texanes de la grand époque, en particulier avec les mythiques ZAKARY THAKS, c’est plutôt du côté d’un croisement entre les SQUIRES (ceux du fabuleux «Going all the way»v et réédités par Crypt) et le HARBINGER COMPLEX que j’irais chercher des analogies.
Décrire ce disque à un connaisseur des terminologies anglo-saxonnes en la matière ne poserait pas de problème : Moody folk-punk et le tour est joué. Ce serait céder à la facilité ! Coller ainsi un label a un groupe reste de toutes façons un peu trop réducteur, même si cela permet souvent d’au moins en cerner les contours.
Lenny Helsing le souligne en quelques mots sur la pochette du disque, les HIGHER STATES savent écrire des chansons. Je suis de son avis. Même si tous les morceaux de cet album sont écrits «à la manière de», ils sont totalement crédibles. On sent l’exercice de style du genre «tous les titres doivent pouvoir avoir été composés dans un garage de San Jose, San Antonio ou San Francisco avant 1968» . Ce n’est qu’en acceptant ce préambule qu’on peut aborder cet album. Si vous lisez ces lignes, j’imagine que vous êtes partant. Il faut souligner ici la différence fondamentale qui existe entre les HIGHER STATES ainsi qu’un certain nombre de leurs comparses et les groupes actuels. Si certains de ces derniers, les meilleurs d’entre eux peut-être, essayent de créer un nouveau son, les HIGHER STATES, THANES et autres sont à la quête du graal. Ils essayent inlassablement de retrouver le ton, le son et la substance de leurs aînés. Je pense, j’affirme même, que cette quête ne demande pas moins de talent. Seul un sourd ou un imbécile prétendra qu’il n’y a qu’à copier. Ceux qui ont des oreilles savent que cela ne suffit pas pour réussir une chanson. Il faut des tonnes de feeling, de passion pour réussir. Les HIGHER STATES ont tout ça. «Round here» sonne parfaitement. Leur mixture acide, louvoyant en permanence entre les contrées citées plus haut sonne parfaitement juste. Le son, les mélodies, tout est réuni pour faire de cet album une réussite du genre. Quatorze titres dont deux reprises. Succès total. Tempos soutenus, basse galopantes, arpèges, harmonies vocales, fuzz bourdonnantes. Tout est parfait. Tout ça pourrait figurer sur le tracklisting du meilleur des Fuzzflakes et autres Teenage Shutdowns.
The MAINLINERS "Bring on the sweetlife" Get hip.
"Full throttle 60's Garagey punk-rock with a slice of R'n'b for good measure". Et hop, envoyé. C'est comme ça que ferait un gratte papier anglo-saxon pour vous décrire "Bring on the sweetlife" (Get hip). Je m'explique tout de même pour ceux qui ne maîtrisent pas totalement l'anglais et ses subtilités. Vous rappelez-vous d'un ensemble suédois sévissant il y a quelques années et répondant au patronyme de CREEPS ? Je parle bien sûr de ceux d'avant la transformation en troupeau d'endives. De ceux qui singeaient avec talent les SONICS période Jerden records. Il y a un peu de ces CREEPS là dans les MAINLINERS. Un peu de ça et un certain goût pour le Rhythm'n'blues (Je ne vous refais pas le couplet sur le, hum, R'n'B tel qu'on le conçoit actuellement chez Procter & Gamble). La rencontre de ces deux éléments, white trash et musique noire, offre un bon terrain de jeux aux MAINLINERS. En bon suédois, ils maîtrisent parfaitement leur garde-robe (c'est accessoire) et le chant en anglais. Ce dernier point revêtant une certaine importance vu le genre pratiqué. Tout ça sonne bien. Pas renversant mais largement convaincant pour celui qui recherche sa dose mensuelle de fuzztone et de monoxyde de carbone. Petite mention pour "Loosin' my mind " et ses Jaggerism.
Thee MIDNITERS «In the midnite hour» Norton.(New)
Si vous parlez de groupes «chicanos» à un fan de garage-punk, il y a neuf chances sur dix pour qu’il vous réponde Question Mark and The MYSTERIANS. Il n’aura pas tort. S’il est un peu plus documenté, il évoquera éventuellement Cannibal and The HEADHUNTERS. S’il s’arrête là ; Problème. Il faudra impérativement lui mettre Thee MIDNITERS sous le nez. Ce faisant, vous ne ferez pas que lui permettre de briller dans les salons où il faut être. Vous lui rendrez possible l’accès à une sérieuse dose de Rock’n’roll. Le genre de truc qui soigne les problèmes de circulation sanguine ... Du raide. Si votre gars est un peu perspicace, il reconnaitra deux ou trois morceaux entendus ici et là sur quelques compilations. Teenage Shutdown en premier lieu avec «Jump, Jive and Harmonize» qui avait même donné son titre à l’un des premiers volumes de la série et surtout «I found a peanut» qui est un pur chef d’oeuvre de frat-punk. Le loustic reconnaitra également «Love Special Delivery» repris par les FIRE ESCAPE sur leur album d’exploitation sorti chez GNP et quelques autres bricoles comme «never knew I had it so bad», superbe protest-punk rencontré sur une compile «Journey to tyme».
Ces MIDNITERS viennent donc de Los Angeles, de la communauté mexicaine comme vous l’avez compris, d’un coin de la ville traversé par Whittier Blvd. Leur Sunset strip à eux auquel même les BEACH BOYS finiront par rendre hommage ! Ils en font toute une histoire d’ailleurs de ce Whittier Blvd, au point de finir par en faire carrément la pub («Down Whittier Blvd» : hilarant) et d’en baptiser leur propre label ! Peut être un poil communautariste ? Ca ne les empêchait pas en tous cas de frayer avec certains BYRDS ou BUFFALO SPRINGFIELD sur le strip le soir venu. S’il avait fallu trouver des groupes frères, c’est pourtant dans le nord-ouest qu’il aurait fallu aller chercher musicalement. Particulièrement du côté de Don and The GOODTIMES avec qui les similitudes sont nombreuses. Pas tant au niveau du son proprement dit (quoique cet orgue tonitruant et acidulé, ces quelques traces de sax), qu’au niveau de l’état d’esprit frat n’hésitant pas à virer protest (avec fuzz et allusions au LSD à l’appui).
L’album contient son lot de reprises convenues : «Gloria», «Empty heart», «Everybody needs somebody to love» (celui là en particulier, je ne le supporte plus depuis longtemps par quelque groupe que ce soit), «Money» et «Land of a thousand dances». Il faut cependant impérativement décerner une mention spéciale à «Gloria» qu’ils font sonner comme personne d’autre et «Empty heart» (qui est de toutes façons un morceau monstrueux) que les MIDNITERS exécutent avec juste ce qu’il faut de mordant.
Au rayon des originaux, outre les excellents «I Found a peanut», «Love Special Delivery» et «Never knew I had it so bad» cités plus haut et tous dignes de figurer au tableau d’honneur de l’American Garage-punk Legion, il faut mentionner «Welcome home darling», fantastique petit chef d’oeuvre de rock’n’roll plus ou moins basé sur «Memphis Tennessee» et que je suis certain d’avoir entendu par les ENNEMIES sur la BO de «Riot on Sunset Strip».
Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise de plus ?
MUDHONEY "Under a billion suns" Sub Pop.
The kings of fuzz are back. Annoncés sabordés par Steve Turner lui même en 2000 lors de la sortie de la compilation/anthologie «March to fuzz», les 4 de Seattle en sont aujourd’hui à leur neuvième album si l’on compte les deux minis «Superfuzz bigmuff» et «5 Dollar Bob’s Mock Cooter Stew».
MUDHONEY ! J’ai envie de raconter une nouvelle fois comment ce truc m’a transpercé la cafetière dès la première micro-seconde de «You got it» en 90. Un sortilège. Quatre types qui jouent aux ballots buveurs de bière mais qui sont capables de ponctuer leur discographie de disgressions limites free-jazz tout en étant 1000 fois moins hype qu’un Jon Spencer. Pas hype du tout en réalité. Punk-rock. Des branleurs. De génie. Des fans. Du CHOCOLATE WATCHBAND aux DICKS. Steve Turner décrit d’ailleurs lui même «Touch me I’m sick», le titre qui les a lancés, comme étant le «Happenings ten years time ago» des YARDBIRDS joué par les STOOGES. Voila pour le décor. Ceci dit, tout en ne dépareillant pas avec ce qui vient d’être énoncé, «Under a billion suns» a sa propre tonalité. Tonalité qui se situe, pour faire simple, à mi-chemin entre certains des sombres déluges de fuzz qui hantaient «Tomorrow hits today» (du genre de «Beneath the valley of the dogs») et certaines choses plus légères (façon de parler) de «Since we became tranluscent». On n’est plus tellement dans l’ambiance potache qui caractérisait «My brother the cow». On se fait vriller le cerveau. Vriller comme dans certains blues primitifs. Il plane une ambiance lourde sur beaucoup de titres. Ca sent les lendemains décadents de trente glorieuses ou de 11 Septembre à plein nez. Façon MUDHONEY. On célèbre. On n’en oublie pas de jouer du rock’n’roll Hyperfuzz-giantmuff («I saw the light», mortel ...), de presque faire un clin d’oeil à la période «Everygoodboy» avec un «Empty shells» blindé de cuivres. On fini tout de même toujours par plomber salement l’ambiance avec des titres comme «Hard-on for war» en forme de lent piétinement de fuzztone. Comme sl vivre sous l’administration de ce taré de Bush avait eu raison de la bonne humeur desTurner; Mark Arm and co et fini par mettre vraiment tout le monde sur les dents. Ce dernier point étant peut-être le seul bénéfice à retenir de ces deux mandats !
? and the MYSTERIANS «The best of, Cameo Parkway 1966-1967»
Il était temps. Depuis le temps qu’on était obligés de se rabattre sur des pirates pour écouter les MYSTERIANS. Vérouillé depuis ‘67, le catalogue Cameo Parkway était destiné à rester au fond de la crypte. Hip hip hip ! Voici la ressortie officielle de l’intégrale de la bande de Rudy Martinez. Et c’est toujours aussi bon. Du riff d’orgue diabolique de l’incomparable «96 tears» au stomp de «8 teens», tout ce bazar se boit comme du petit lait et s’envoyer d’une traite les deux Lps («96 tears» et «Action» sortis en 66 et 67) et la poignée de singles les accompagnant est un pur bonheur.
Le son est parfait, aussi parfait qu’il puisse être puisque, pour la première fois je le répète, ce sont les bandes originales qui sont utilisées. Les morceaux s’enchainent dans un tourbillon d’orgue électrique et deTwin reverb. Question Mark nous aiguillonne avec sa voix de petite frappe méxicaine émigrée à Detroit. Le VOX jaguar (un Continental ? Un Farfisa Compact ?) mène la danse et donne une couleur unique aux 27 morceaux que comprend cette anthologie. Les MYSTERIANS ne sonnent comme nul autre groupe. Au même titre que les SEEDS par exemple, ils ont un son, une formule unique et s’ils la répètent sur chacun de ces morceaux, ils ne créent jamais de lassitude.
«Can’t get enough of it !»

V/A «Riot on soundflat strip» Soundflat mailorder.
Force est de reconnaître que je ne me serais jamais procuré cette compilation si elle ne m’avait pas été gracieusement offerte par Soundflat lors de ma dernière commande. Ce disque regroupe 21 titres de formations modernes fortement inspirées 60’s beat/garage punk et je suis assez difficile à convaincre dans ce domaine. Malgré toute la bonne volonté qu’on peut leur reconnaître, il faut admettre qu’un grand nombre des groupes qui se proposent de porter le flambeau 60’s punkouautre ne le portent pas très haut. Manque d’inspiration, chanteurs souvent caricaturaux ... La recette est parfois difficile à digérer.
Ceci dit, il y avait au minimum trois ou quatre morceaux à sauver. A savoir un inédit, à ma connaissance en tous cas, des TELL TALE HEARTS (pour lesquels je suis prêt à tout), un titre inconnu de GREEN TELESCOPE, une reprise de WE THE PEOPLE par FORTUNE and MALTESE et un BUFF MEDWAYS.
Il s’avère finalement que cette compilation vaut plus que la somme de ces quatre morceaux. On y fait même quelques excellentes découvertes. Un titre des DEE RANGERS, mélange de Fratrock à la KINGSMEN et de Rhythm and Blues early sixties, bien enregistré et gratifié d’une jolie partie d’orgue électrique. Bonne surprise de la part d’un groupe dont l’album sorti il y a trois ans ne m’avait pourtant guère inspiré. Les OHNO’S également ne s’en sortent pas mal du tout avec «Gotta move» des KINKS qui manque juste un poil de nerfs mais sonne tout de même tout à fait dignement. Remarquable par contre la performance des FINE LINES qui avec un matériel totalement élimé réussissent à faire mieux que maintenir l’attention ... Ils émulent les MIGHTY CAESARS/MILKSHAKES ! Pas évident quand on considère que les groupes sus-cités et leurs multiples dérivés ont enregistrés à eux seuls pas loin de 50 albums calqués sur la même formule !
Joli coup encore pour les MIDWAYS qui proposent une excellente mixture Trash/Frat à mi chemin entre les SEXAREENOS et UNTAMED YOUTH sans pour autant sombrer dans l’autocaricature si souvent rencontrée dans le genre. Une des meilleures découvertes de cette compilation.
Mention passable limite honorable pour les RIPPERS qui reprennent «Next in line» de manière assez crédible (Pas facile de se frotter à des monstres du genre des BIRDS) mais se voient handicappés par un chanteur semblant incapable de faire preuve de la moindre nuance ...
Au final, l’ensemble fait plus que tenir la route et mérite un coup de chapeau pour sa qualité globale.

The SCOPE "A secret revolution" Beatball.
Les plus avertis d'entre vous les connaissaient sous le nom de BANG ! Vous avez peut être même lu leur interview dans L.N. n°6. Responsables d'une poignée de singles interstellaires (Overdriven) éparpillés aux quatre coins de la planète ... Ils reviennent donc sous le nouveau patronyme de SCOPE pour sortir ce superbe mini-album (A secret revolution, Beatball records). Sept titres dont deux reprises, "Action woman" des ELECTRAS et "Fashion conscious" de Syd "PINK FLOYD" Barrett. Le son s'est étoffé depuis les singles cités plus haut, SCOPE sonne plus pleinement, sans heureusement se départir de son côté Pop-art Do-it-yourself à la early TIMES/TV PERSONALITIES (They all know where Syd Barrett lives.) Le groupe semble s'être débridé, le son est plus ample, la reprise des ELECTRAS par exemple est tout simplement ébouriffante. Leur version est hyper assurée, très personnelle au point d'en transfigurer le morceau. Ces types ont une vraie vision. Vraiment. Ca cisaille, ça tranche. Ca joue sur plusieurs niveaux, presque psychédélique si on se laisse porter par les ambiances et complètement punk-garage furieux si on s'en tient à l'énergie déployée et aux dérapages de fuzztone. Excellent. Ce disque risquant d'être difficile à trouver, je me permets de vous signaler qu'il en traîne quelques exemplaires chez un certain Bruno, dealer à la Martinière sous la couverture de «Dangerhouse». ACTION !
The SERMON "Volume" Alternative tentacles
Vous le savez, partout sauf en (f)Rance, les années 2000 sont celles du garage-rock’n’roll. Il ne se passe pas un jour sans qu’apparaisse un nouveau porte étendard. Le flot ne semble pas vouloir se tarir. Alors, forcément, il faut faire le tri. Pas question de se bousculer au premier grésillement de fuzztone. On a tous nos trucs pour séparer le bon grain de l’ivraie. Au hasard le label. Quand par exemple c’est Alternative Tentacles qui s’y colle, je plonge. Biafra a affirmé un jour être fan du genre depuis l’âge de sept ans et considérer les Stooges comme le groupe le plus important de l’histoire du Rock’n’roll … Il y a pire comme caution non ? The SERMON (Volume) sort donc son premier album sur le label de l’ex DEAD KENNEDYS et nous sert par la même occasion l’enfant bâtard des Cynics et des Stooges. Des Angry Samoans de " Stp not Lsd " (Ecoutez " Surprise ") et des Scientists. Tempos hystériques, assommoirs de fuzz mitraillés à l’harmo. ambiances poisseuses et accès d’épilepsie, lysergie occasionnelle, tout y est. Tout est là pour faire de ce disque un objet venimeux ! Objectif atteint.
Thee SHAMS "Please yourself" Fat possum/Shake it records.
Carbon monoxided but not carbon copied. DUH ! Thee SHAMS, ladies and gentlemen ! Pas une de ces entités ectoplasmiques vomies par le show biz, prédigérées pour un public préférablement lobotomisé. Oh non ! Plutôt un de ces trucs qui transpirent et qui bougent. Qui cognent aussi. Gibson Epiphone quart de caisse. Harmonica. Basse. Batterie. Deux ou trois traces d’orgue électrique. Des tronches de types qui auraient d’avantage fréquenté les CREEDENCE CLEARWATER REVIVAL que fait les branleurs dans des fêtes mondaines. Des tronches de types qui répètent dans une cabane au fond des bois (Leur chanteur s’appelle même Zachary !) Des types cools en somme. Sûr qu’ils ont passé plus de temps en compagnie de T Model Ford, des STONES de ’64 et des SHADOWS OF KNIGHT que sur pro-tools-bidule-truc. Il en résulte un putain de machin vrai. Du punk-rock joué par des gars qui voulaient faire du blues et qui s’en font péter la grosse veine frontale. Un de ces disques dont l’intensité vous fait serrer les dents puis secouer la tête et les bras en une espèce de rituel frénétique. Thee SHAMS ( Please yourself, Fat possum records) ou comment enlever les doigts de son cul pour les mettre dans une prise de courant. Même si on sait tous qu’il y aura toujours des viveurs pour préférer les garder dans le trou de balle.
UPTIGHT TONIGHT The ultimate 60’s garage collection Big Beat. (New)
Force est d’admettre que «Uptight tonight» ne m’emballait pas terriblement au premier abord ... 20 des 26 titres figuraient déjà sur d’autres compilations en ma possession ... Avec des scies tels que «Action woman», «Talk, talk», «Psychotic reaction» et même «Pushing too hard», Uptight Tonight semblait vouloir être un Nugget à la place des Nuggets. Ca ne pouvait s’adresser qu’aux newcomers ... Et encore ! Les doublons pullulent, même avec les plus courantes des rééditions ... Quel intérêt alors ? D’après Doug Sheppard, en se référant au livret qui accompagne le disque, l’idée est de proposer aux nouveaux fans de garage-rock (Le public des WHITE STRIPES et HIVES) la version originale de leur nouvelle passion. Louable intention s’il en est ! Je ne peux pas m’empêcher en effet de me dire que si tout ce foutu bazar était mieux exposé, on gagnerait un tas de fans qui continuent à la place de gober toutes les merdes qu’on leur propose/impose. (Je passais cet été des disques dans un bar sur la côte atlantique et parmi le maigre public de cette soirée de fin de saison, deux gamins de 16 ans, genre skateboarders, sont venus me brancher pour que je leur vende des Cds ! Ils n’avaient jamais entendu un truc du genre de ce qu’ils avaient écouté ce soir là mais, faisant éventuellement le lien avec les punkeries qu’ils écoutent sur leur Ipod, trouvaient que ça sonnait.) Ceci dit, en dehors de ces considérations marketing, une autre chose devrait vous suggérer que cette compilation est digne d’intérêt : Il s’agit d’une production Big Beat. Big Beat pour «cream of the crop» ... Ou «top du top».
Big Beat travaille très bien. Son absolument parfait. Vraiment, vraiment puissant. «Foolish woman» des OXFORD CIRCLE me découpe d’ailleurs le cerveau en rondelles à l’instant même où je rédige ces lignes et je peux vous dire que ça cisaille proprement. Sans bavures. Net. Géant. Du genre semble t-il à surprendre un fan de hardcore rompu à la surenchère sonore. Si j’en crois ce que m’a laissé entendre une conversation qui ne m’était pas destinée ... Tout ça est évidemment accompagné d'un livret superbe bourré d'infos et de photos qui tuent.
Autre chose à mentionner : En dehors des ultra-classiques compilés 1000 fois, il y a quand même une paire d’inédits pas vilains du tout. En particulier un morceau de Flash and The MEMPHIS CASUALS qui a donné son titre à la compile et que je connaissais pas jusque-là. Une tuerie. Un truc fougueux à mort. Sorte de punkerie fleurant bon les racines Rockab. Allumé. «Uptight tonite !»
Un autre titre, «get out of my life», se détache du lot. Il s’agit d’un groupe de la baie de San Francisco, complètement inédit celui-ci, les SOUL VENDORS. Plutôt à mettre dans le même sac qu’un HARBINGER COMPLEX ou WILLIAM PENN FYVE que QUICKSILVER, les SOUL VENDORS font plus que faire de la figuration. Le genre de chose qui a dû faire faire la danse du scalp un bon moment à celui qui l’a déterré ... Complet avec un putain de rave-up fuzzé à la fin. Un organiste comme semble t-il seul le milieu punk américain de l’époque a su en produire ... Sans faute.
Une rareté encore des EXPRESS avec «Waste my time», très rarement compilé et pourtant de toute première bourre. Un machin de dingo emporté par un monstrueux riff de guitare fuzz, un chanteur à bloc dans un registre proche des UNRELATED SEGMENTS. Excellent.
Mis bout à bout, tout ça fait finalement pas mal de raisons de se payer ce disque, d’autant que parmi les choses déjà compilées par le passé on trouve quand même des trucs aussi indispensables que les absolus «Maid of sugar, maid of spice» de Mouse and The TRAPS, «We’re pretty quick» des CHOB, «I’m in Pittsburgh» des OUTCASTS et autres joyeusetés du genre.
«SCREAM LOUD - The Fenton records story» 3 Lps/ 2Cds box set. Way back records (New)
«Come on baby, be my queen !» The CHENTELLES. Londres, Aout 1984. Un rookie voit - entend - le bon dieu. Un morceau enregistré 17 ans auparavant par quatre inconnus et qui se retrouve par la grâce d’un cinglé dénommé Tim Warren sur une compilation à la pochette aussi délirante qu’attractive - Des zombies tout droit sortis d’un comic book 50’s en train de régler le compte d’une espèce de créature hybride mi-hippy, mi-Boy «endive boursouflée» Georges. «Back from the grave vol 3», c’est son titre. Le rookie vient de mettre le doigt dans un truc duquel il ne ressortira jamais. «Be my queen» des CHENTELLES donc. Le premier choc. Le premier morceau du genre à m’atterrir entre les oreilles. Enregistré pour Fenton records en JANVIER 1967. Un morceau complètement dynamité. Une perle de punk-rock au taux de production d’adrénaline seulement égalé à l’époque dans ma discothèque par les premiers CIRCLE JERKS ou ANGRY SAMOANS.
Retour en 2006. Par le biais d’Alex, correspondant sur le forum garagepunk.com, j’ai vent d’une compilation de singles Rock’n’roll/Punk/Garage de chez Fenton circulant entre amateurs. Le son serait excellent, le track listing alléchant. On parle des FUGITIVES, LEGENDS, JUJU’s, TONTO and The RENEGADES, CHENTELLES, BEAUX JENS, AARDVARKS ... Des gars qui ont eu les honneurs des «Back from the Grave» pour la plupart. L’affaire fait assez de bruit sur le forum pour qu’un certain Hans Kesterloo (Wayback / MusicManiac records) propose tout simplement de sortir sur son label la compilation qui n’existait jusqu’alors qu’entre initiés. Sous forme de CDR.
Je suis généralement assez méfiant quand il s’agit de lâcher quelques talbins rudement acquis (la sueur frontale n’étant un vain mot me concernant). D’autant plus méfiant, justement, quand il s’agit de lâcher les dits talbins en échange d’une compilation thématique. Dusse t-elle avoir été enregistrée entre 1965 et 1968. Savez vous qu’un nombre incalculable de daubes atroces ont été enregistrées pendant ces trois années - probablement trois fois moins que pendant les trois mois qui viennent de s’écouler mais il n’en reste pas moins que - cela fait beaucoup de chansons. La compilation thématique reste donc un exercice périlleux. L’écueil numéro un étant le défaut de complétisme. Vous savez, le type qui veut tout mettre. Même les trucs, les choses qu’il aurait mieux valu oublier. Qu’on aurait dû laisser dormir en haut d’une étagère. Le type qui veut mettre sur sa compilation le single enregistré par la soeur gironde du patron du studio à laquelle le directeur du label faisait les beaux yeux. Il y a des compileurs comme ça. Des gars qui veulent absolument remplir un double album Punk-from-the-60’s du Nebraska et qui se retrouvent en train de fouiller le fond du fond du fond du tiroir.
Pas la peine de faire durer le suspense. Le coffret Fenton n’est pas fait de ce bois. Tous les morceaux tiennent, au minimum, la route. Il n’y a pas de remplissage sur les 61 titres de ces six faces de vinyl. Pas de remplissage et quelques sacrés putains de morceaux. Des classiques du genre même, je vous l’ai annoncé plus haut. D’autres choses moins courues également. Des deuxièmes faces, des seconds singles révélant de belles surprises. Au hasard, la face A de «She was mine» des BEAUX JENS (BFG 6), «Trouble baby». Une bombe. Un truc louvoyant entre des rivages Frat et Rhythm and blues à la KINGSMEN / GOODTIMES, nappé de Farfisa, saupoudré de fuzz-tone. Ou encore, dans un registre totalement différent, «I knew this thing would happen» de Tonto and The RENEGADES. Une pure ballade mélancolique à tirer une larme au plus trempé des cave-dwellers. Des trucs mélancoliques, Moody disent les fins connaisseurs, des trucs de teenagers maniaques de l’accord mineur mais qui ne peuvent pas s’empêcher d’une manière ou d’une autre de laisser suinter la testostérone. Du genre des PLAGUES par exemple. On trouve également des gars du genre à reprendre «Louie go home» de Paul Revere and The RAIDERS, les MUSSIES pour ne pas les citer, qui ont la classe d'aller fouiller du côté de Link Wray pour remplir leur face B. Superbes sur la pochette avec leurs cheveux dans les yeux et leurs VOX Phantom. Bien sûr, ils n’ont pas tout à fait le son que Columbia pouvait offrir aux RAIDERS mais le type des studios Fenton n’était pas un manche non plus. Ce qui garanti une qualité de son à peu près constante sur ces 61 titres. Ce qui est loin d’être la norme dans le genre. On ne parle pas de Garage rock/punk pour rien ! Rayon reprise encore, «First I look at the purse» des CONTOURS par les ASSORTMENT qui se tiennent à carreau pendant tout le début du morceau et se mettent ensuite à déconner complètement, à planter un chorus de fuzz-tone à moitié déchiré en plein milieu du morceau, à aggraver encore les paroles qui ne sont pourtant pas jolies jolies au départ. A en faire un pur instant de bonheur Soul-punk.
Impossible de prendre tout le track-listing par le menu, il y a 61 titres ! Beaucoup de bonnes choses donc, y compris effectivement un certain nombre déjà compilées ailleurs ... Ce qui pourrait être la faiblesse principale de ce set qui en compte par ailleurs fort peu. Peu importe finalement ces redites, je ne me lasse pas d’écouter des trucs comme les LEGENDS («I’ll come again some other day, when you’re alone I want to say ...»), SOUL BENDERS et autres JUJUS. Se rendre compte que tous ces groupes venaient du même coin du Michigan rend encore leur existence plus magique. Et notre époque plus minable. Comment comparer ?