The MIDWAYS «Manners, manners» Screaming apple.
Les MIDWAYS nous viennent du Canada. Par le biais du sampler gratuit Soundflat Ils avaient fait une première incursion ici l’année dernière. A l’époque, ils m’étaient apparus comme une bande de vagues cousins des extraordinaires UNTAMED YOUTH. Il y a un peu de ça dans cet album. Mais ce n’est pas exactement ça non plus. First things first, il faut préciser que je ne suis pas le meilleur client pour tout ce qui est revival 60’s Punk/Beat. Les groupes actuels n’ont souvent qu’une vision unidimensionnelle de l’héritage qu’ils entendent exploiter. Cela donne souvent des morceaux très typés aux mélodies répétitives et voix hyper-nasales, hargneuses. Des morceaux très souvent passés aussi au filtre Punk-rock circa 77. Les groupes semblent piocher dans un catalogue de sons et d’attitudes balisés, tuant toute forme de créativité et ce qui est pire, de spontanéité. Ils sont scolaires.
Le cas des MIDWAYS est plus compliqué. Plus compliqué que ne le laisserait apparaître une première écoute distraite. Les voix nasales achétypes, les compositions simplistes sont là. Ce qui n’est forcement pas un bon point. Sauf que dans le cas des MIDWAYS, on sent sur tous les morceaux l’envie de jouer, la passion. Et ça c’est capital. Plus important que tout le reste. Ce qui pourrait n’être qu’une banale ressucée se transforme par la grâce de cette passion en un disque jouissif. Un truc qui tambourine dans tous les sens. Dommage quand même qu’il y ait légère pénurie au rayon composition, j’en veux pour preuve que les deux meilleurs morceaux sont deux reprises. L’une des ROOKS (chroniqués plus haut) et l’autre des BEAVER PATROL (E.S.P). Un bon disque quand même, à placer entre les UNTAMED YOUTH cités plus haut et les premiers albums des HENCHMEN. Le Farfisa omniprésent n’étant pas pour rien dans ce rangement.
The ROOKS «A girl like you/Empty heart»Sundazed.
Les ROOKS étaient de Chicago, plutôt du genre à concurrencer les KNAVES ou les SHADOWS OF KNIGHT que les AMERICAN BREED ... Catégorie groupe pas trop policé. Ceci dit, ne vous y trompez pas, je n’ai rien contre les AMERICAN BREED, au contraire, leurs disques sont plutôt savoureux. Simplement si un jour je me dois me présenter devant Saint Pierre, j’emmènerai plutôt un disque du genre de celui des ROOKS pour montrer de quel bois je me serai chauffé. Deux titres : Un «Empty heart» des ROLLING STONES bien tendu, nerveux, coups de guitares en pleine poire et petit rave-up vicieux trempé dans l’harmo pour la fin. Je ne me lasse pas de ce titre, encore moins quand il est joué par des teigneux suburbains ... «A girl like you», comme son nom le laisserait penser, n’est pas une cover des TROGGS. Peut-être une lointaine parentée avec les THEM de «I can only give you everything». Parentée uniquement spirituelle, le morceau n’étant ni une reprise, ni un rip-off. Il tient debout tout seul. Riff de fuzztone à l’appui. Un petit punker un soupçon Beat sur un rythme soutenu. Un morceau qui sans être d’anthologie vaut son pesant de peanuts.
The TIMES «This is London» Cherry Red.
Les TIMES tiennent une place importante dans mon coeur. Une place unique. Découverts il y a longtemps par le biais d’un jeune Moderniste de mon entourage, les TIMES font ici figure de mythe intouchable. Mis à jour à une époque où, chez moi, les étalons de mesure en matière de musique étaient les quantités d’énergie et d’agressivité dépensées, voire la teneur en combativité des textes, le groupe d’Edward Ball revient finalement de loin. Quoique figure parmi ses premiers méfaits enregistrés «Part time punks» des TELEVISION PERSONALITIES, groupe il est vrai plus sensible à CREATION et Syd Barret qu’aux ANTI-PASTI et autres GBH contemporains. Groupe fondé en compagnie de Dan Treacy, ancien camarade d’école et admirateur de la première heure.
Navigant dans des eaux souvent assimilées à la résurgence Mod de la fin des années 70, le groupe certainement trop intelligent et indépendant, est toujours resté artistiquement en marge de cette mouvance. De fait, leur production (les six premiers albums à l’exception d’un «Hello Europe» tentant une ouverture conceptuelle vers une espèce de funk synthétique ignoble) aura toujours plus à voir avec la discographie des TV PERSONALITIES du début qu’avec un quelconque ersatz musclé des early-JAM comme il en fleurissait aux quatre coins de la perfide Albion en 1979/80.
Quand «This is London» sort en 1983, les TIMES en sont déjà à leur troisième album. Seul alors est sorti le second, «Pop goes art». Le tout premier «Go! With the TIMES» sortira deux ans plus tard et uniquement en Allemagne. Le groupe se distingue par des textes particulièrement intelligents, à mon sens du tonneau de certaines choses de Ray Davies ou de Paul Weller, dans le ton d’un «Do you remember Walter» et autres «To be someone», une pointe d’humour et d’autodérision en prime.
Malgré cela, quasiment aucun des albums des TIMES n’est parfait de bout en bout, Ed Ball semble trop sujet aux expérimentations hasardeuses pour cela. Seul le Ep «I helped Patrick McGoohan escape», également réédité et qui était devenu totalement introuvable jusqu’à aujourd’hui, est inattaquable mais c’est une compilation de titres figurant tous sur d’autres disques. «This is London» n’est pas loin d’atteindre cette perfection. Cet enregistrement tutoie les cieux. Une incroyable collision beat-pop-psychédélique au service de mélodies uniques. Les TIMES font partie de ces groupes dont il est impossible de confondre deux chansons. J’insiste la dessus. Combien sont-ils à pouvoir remplir des albums entiers sans redites, sans donner l’impression de tourner en rond ? Les TIMES peuvent avoir du mordant, «Whatever happened to Thames beat», peindre des morceaux aux couleurs douces amères, «Big painting», «This is London» ou «Goodbye Picadilly», nous faire entrevoir les pavés mouillés d’un Swinging London qui n’existe plus ou n’a jamais existé -This postcard London I’ve grown to hate - Ils ne refont jamais deux fois le même morceau. Un feu d’artifice de mélodies souvent mélancoliques mais jamais ternes, ni grises. A avoir absolument, d’autant que Cherry Red à ajouté quelques raretés à cette réédition pour faire bonne mesure ...
V/A «Ain’t it hard ! Garage & Psych from Viva records» Sundazed
Sundazed est un label complètiste. Quand ils décident de creuser un filon, ils ne laissent pas une miette derrière eux. Pas la peine de repasser après, il ne reste rien. Tout est compilé, en autant de volumes qu’il le faut. Ce qui mène parfois à quelques débordements. Quand on ramasse tout, on n’a pas que le haut du panier. On pourrait donc légitimement se poser des questions quand à cette nouvelle compilation. Elle regroupe vraisemblablement tous les singles sortis chez Viva records, label quasi inconnu, de groupes qui en dehors d’une excusion des WAILERS du Nord-ouest ne le sont pas plus. Malgré ça, la méfiance n’est pas de mise. Il n’y a pas de remplissage tout au long de ces 12 titres. Que du bon.
Le titre annonce «Garage & psych», cela résume assez bien le menu. Il y a du rugueux. Le Punk-garage mâtiné de quelques très légères inclinaisons psychédéliques des SECOND HELPING sur «Let me in» pourrait bien être la cause de la chute de quelques morceaux de peinture de votre plafond - interne. Surtout si vous passez ensuite «I don’t want to follow you» des WAILERS, seul single enregistré par le groupe pour Viva. Si vous voulez un poil adoucir le ton, penchez du côté des SOUND SANDWICH qui ouvrent leur «Apothecary dream» sur une riff de Fuzz-tone travaillé au tremolo pour ensuite développer un morceau que n’auraient pas renié les ELECTRIC PRUNES. ELECTRIC PRUNES qui auraient d’ailleurs pu parrainer cette compilation tant une partie des groupes qui la composent pourraient s’en réclamer. Jusqu’au titre de la compile «Ain’t it hard», tiré d’un titre des GYPSIE TRIPS (présents sur cet album) et popularisé ensuite par les mêmes ELECTRIC PRUNES. Quand ces diverses punkeries et dérives proto-acides vous auront entamé le cortex, vous pourrez toujours souffler un peu en écoutant la version hilarante de «Psychotic reaction» des LEATHERCOATED MINDS, responsables d’une autre cover, «eight miles high» des BYRDS, un poil failblarde celle-ci. Il y a des choses auxquelles il vaut mieux ne pas toucher.
En guise de conclusion, il me parait inutile de préciser que le son est irréprochable, c’est Sundazed qui régale. On peut en dire autant de la pochette dans son ensemble. Notes comprises.