London Modbeat.

Que ce soit au sein des MYSTREATED, Head and the HARES ou DIRTY BURDS, les trois n'ont jamais dévié de leur trajectoire. Les EMBROOKS se sont perdus dans l'espace temps. Mais alors que la grande majorité de leurs compagnons de voyage s'obstinent à piller les 60's américaines, les fameux garage-bands originaux, toute l'alchimie de nos Londoniens se situe au moment où le Swinging london commence à se sentir à l'étroit dans la formule pop.En l'instant précis, précieux où le beat survolté commence à sombrer dans le psychédélisme. Fragile point d'équilibre ou de rupture qui a donné "Making time" aux CREATION, "Psycho daisies" aux YARDBIRDS ou "I can see for miles" aux WHO. Les EMBROOKS ont élaboré à partir de cet instant suspendu une oeuvre complète. Les EMBROOKS, tels des diables sortis de leur boite arrivent tout droit du Marquee ou de l'UFO de 1967.

 


LOOSE NUT - J’ai vu que vous participiez souvent à des évènements Mods. Quel est votre lien avec cette culture ?
EMBROOKS - Bien, je pense qu’il y a de bons et de mauvais aspects dans cette scène. C’est bien de pouvoir jouer pour un public qui comprend d’où tu viens et qui est familiarisé avec le genre de musique que tu joues ... D’un autre côté, les Mods sont des gens versatiles ! Si tu n’es pas dans la dernière tendance, ils ne veulent rien savoir. C’est un peu réducteur de jouer toujours pour les mêmes gens (Ce qui arrive souvent à Londres) mais en fin de compte, un concert est un concert. C’est un peu différent en Europe où les gens semblent plus venir pour s’amuser que pour checker la coupe du costard du voisin.

LN - Les Mods sont connus pour être plus intéressés par les artistes originaux des années 60, est-ce que vous avez souffert de ça quand vous avez joué dans ces évènements ?
EMBROOKS - Non, je ne pense pas. Je crois que les gens (les Mods) préféreront toujours danser sur les originaux plutôt que voir un groupe live mais si tu mets un groupe original sur scène (Une bande de bozos cinquantenaires ou plus, avec des gros bides et plus de cheveux !) ... Qui veut voir ça ? Ce n’est que dans des circonstances exceptionnelles que j’ai vu des reformations de groupes 60’s faire du bon boulot. Les gens semblent aimer les reprises que nous faisons et sont toujours élogieux.


LN - Comment avez vous évolué d’un son totalement Folk/punk au son freakbeat ? Au sein de la culture 60’s, c’est un virage total ...
EMBROOKS - C’est juste une question d’évolution musicale. Vraiment. On s’est fatigués petit à petit du truc moody/mélancolique/teen garage et on a eu envie de faire des choses plus rapides, plus dansantes. On y a vu une opportunité de faire quelque chose d’excitant et de se concentrer sur un sous-genre qui n’avait pas trop été abordé par la scène revival (Si on veut appeler ça comme ça ...)


LN - Est-ce qu’il y a de l’autocensure quand vous composez des morceaux ? Du genre : «ce n’est pas notre son» ou «nous sortons du truc freakbeat» ...
EMBROOKS - Occasionnellement. De temps à autre il y a un truc qui coince ... Mais ce n’est pas vraiment une question de cible, plutôt de manque d’unité avec les autres morceaux qu’on joue. C’est quand même rare. On a tous généralement une idée assez précise de ce qui fonctionne et ne fonctionne pas et on est tous plus en accord avec les besoins du groupe que ceux des individus. On pourra toujours partir faire du speed-metal-jazz-fusion sur nos albums solos !!!


LN - Est-ce que vous pouvez nous conseiller quelques groupes british intéressants ?
EMBROOKS - Les SOLAR FLARES font vraiment forts. Les GORILLA de Hastings sont puissants (Je veux dire vraiment puissants). Ils sont cools. Les BRONCO BULLFROG sont cools eux aussi mais je les préfère probablement en live que sur disque (Plus rock’n’roll sur scène ?) Les THANES sont toujours excellents après toutes ces années. Il y a aussi une paire de bons groupes irlandais ... Les THINGS de Dublin et les KEEPERS de Belfast

LN - Vous n’avez jamais pensé que votre image 60’s à outrance pouvait détourner certains fans potentiels ? Le fan moyen de rock’n’roll ou de power-pop pourrait se sentir en dehors de la cible, non concerné parce que votre image est trop forte ...
EMBROOKS - Si, mais qu’est ce qu’on peut y faire ? Je ne crois pas que qui que ce soit d’entre nous soit prêt à lâcher son image pour toucher un public plus large. Je pense que notre public s’est élargi ces dernières années. Sans qu’on ait eu à changer quoi que ce soit. Le public (en tournée et chez nous) est assez varié. Il n’y a pas que des psych/Freakbeat freaks. Peut être encore plus aux USA. Nous avons eu toutes sortes de gens qui sont venus nous voir. Des gens que tu n’imaginerais pas nécessairement dans ce genre de musique. En fin de compte, c’est la musique qui tranche et si les gens peuvent aller au delà des coupes de cheveux bizarres et des vêtements pour juste écouter, ils aimeront.

LN - L’angleterre est connue pour ses changements incessants de modes musicales, comment un groupe tel que les EMBROOKS est-il perçu par les journaux musicaux ?
EMBROOKS - Avec mépris et dédain !! La même chose que pour la scène Mod dont on parlait plus tôt. Si tu n’as pas le parfum du mois, t’es baisé ! On pensait que le truc «Nu-Garage» (HIVES, WHITE STRIPES, DATSUNS etc» secouerait un peu les choses, et je crois que ça a été un peu le cas, mais ça n’a pas eu un effet renversant. Les fanzines nous aiment bien mais c’est tout.

LN - La «British invasion» s’est terminée il y a quand même quelques années ... Quelle a été la réaction des yankees à la venue des EMBROOKS ?
EMBROOKS - On les a mis en pièces !!!! Il y avait tellement de gens qui déliraient !! Les gens nous disaient qu’ils n’avaient pas vu un groupe comme le notre depuis longtemps (si ce n’est jamais) mais le mieux, c’est que les gens comprenaient totalement ce qu’on faisait. Ils nous comparaient aux WHO, CREATION, MOVE, YARDBIRDS etc ... Ce qui était tout simplement fantastique. J’avais un peu peur qu’on soit un peu trop british pour eux mais pas du tout !

LN - Vous n’avez jamais pensé à chanter en Italien du fait que vous avez un natif dans le groupe ? En une sorte d’hommage aux groupes Anglais qui sont allés chercher le succès là-bas dans les années 60 ...
EMBROOKS
- On a fait une reprise de «No, no, no» des SORROWS en italien qui est sortie sur un Cd gratuit avec le fanzine américain The Bob en 2001. C’était bien cool ! Mais je ne crois pas qu’on ait le projet de recommencer.

LN - Quel est votre sentiment quand des groupes «garages» entrent dans les charts ? Avez vous l’impression d’avoir des choses en commun avec les HIVES ou les WHITE STRIPES ? Ce n’est pas un peu bizarre de voir un groupe qui ouvre pour les STONES enregistrer dans le même studio que vous (les WHITE STRIPES au Toe rag) ?
EMBROOKS - C’est un peu étrange, mais ce n’est qu’un groupe qui se préoccupe de son son et qui va dans le bon studio pour l’obtenir. C’est chouette aussi pour Liam d’obtenir un peu de reconnaissance pour ce qu’il fait pendant toutes ces années. Je ne pense qu’on ait grand chose à voir avec les HIVES ou les ‘STRIPES mais une partie du concept ou de la théorie qui sont derrière les WHITE STRIPES nous est peut être applicable. La manière de s’en foutre et de faire simplement la musique qui nous plait sans faire de concession envers une tierce partie.

LN - En parlant du Toe rag, est-ce vraiment l’endroit ultime pour enregistrer le son que vous cherchez ?
EMBROOKS
- Absolument ! Je n’envisagerais même pas d’enregistrer ailleurs. Certainement pas dans le Royaume-Uni en tous cas. Il n’y a aucun endroit où trouver le matériel ou les techniciens ultras compétents pour utiliser ce matériel. Tout le processus a la qualité de ce qui est fait par un humain, de manière organique. Quand il faut monter la bande, Liam sort une lame de rasoir et coupe la bande, il ne s’emmerde pas avec Pro-tools ou une autre connerie du genre ! Si tu veux du Phasing, on enclenche le vieux ADT, pas une horrible merde de pédale Boss. Si tu veux de la réverbe, il y a un énorme ressort dans une boite dans le couloir, pas un Zoom 2000-putain-je-sais-pas-combien !!!! Tout est fait PROPREMENT - Analogue. Bande 1/4 de pouce, 8 pistes, bons micros, un local live professionnel, la totale !!

LN -J’ai entendu dire que Liam intervient dans les compos, la musique des groupes qu’il enregistre ? Qu’est-ce que vous pensez de ça ?
EMBROOKS
- Pour clarifier les choses, il ne s’investit pas dans les compos mais il a souvent des idées pour mettre certains effets ou jouer sur la stéréo. En fin de compte, tu as le pouvoir total sur ce que tu veux mais il est bon de pouvoir avoir une opinion objective sur ce que tu fais, venant d’une personne qui n’est pas directement impliquée mais qui peut te donner de bons conseils.