LOOSE
NUT - Jai vu que vous participiez souvent à des évènements
Mods. Quel est votre lien avec cette culture ?
EMBROOKS - Bien, je pense quil y a de bons et de mauvais
aspects dans cette scène. Cest bien de pouvoir jouer pour
un public qui comprend doù tu viens et qui est familiarisé
avec le genre de musique que tu joues ... Dun autre côté,
les Mods sont des gens versatiles ! Si tu nes pas dans la dernière
tendance, ils ne veulent rien savoir. Cest un peu réducteur
de jouer toujours pour les mêmes gens (Ce qui arrive souvent à
Londres) mais en fin de compte, un concert est un concert. Cest
un peu différent en Europe où les gens semblent plus venir
pour samuser que pour checker la coupe du costard du voisin.
LN
- Les Mods sont connus pour être plus intéressés
par les artistes originaux des années 60, est-ce que vous avez
souffert de ça quand vous avez joué dans ces évènements
?
EMBROOKS - Non, je ne pense pas. Je crois que les gens (les Mods)
préféreront toujours danser sur les originaux plutôt
que voir un groupe live mais si tu mets un groupe original sur scène
(Une bande de bozos cinquantenaires ou plus, avec des gros bides et
plus de cheveux !) ... Qui veut voir ça ? Ce nest que dans
des circonstances exceptionnelles que jai vu des reformations
de groupes 60s faire du bon boulot. Les gens semblent aimer les
reprises que nous faisons et sont toujours élogieux.
LN - Comment avez vous évolué dun son totalement
Folk/punk au son freakbeat ? Au sein de la culture 60s, cest
un virage total ...
EMBROOKS - Cest juste une question dévolution
musicale. Vraiment. On sest fatigués petit à petit
du truc moody/mélancolique/teen garage et on a eu envie de faire
des choses plus rapides, plus dansantes. On y a vu une opportunité
de faire quelque chose dexcitant et de se concentrer sur un sous-genre
qui navait pas trop été abordé par la scène
revival (Si on veut appeler ça comme ça ...)
LN - Est-ce quil y a de lautocensure quand vous composez
des morceaux ? Du genre : «ce nest pas notre son»
ou «nous sortons du truc freakbeat» ...
EMBROOKS - Occasionnellement. De temps à autre il y a
un truc qui coince ... Mais ce nest pas vraiment une question
de cible, plutôt de manque dunité avec les autres
morceaux quon joue. Cest quand même rare. On a tous
généralement une idée assez précise de ce
qui fonctionne et ne fonctionne pas et on est tous plus en accord avec
les besoins du groupe que ceux des individus. On pourra toujours partir
faire du speed-metal-jazz-fusion sur nos albums solos !!!
LN - Est-ce que vous pouvez nous conseiller quelques groupes british
intéressants ?
EMBROOKS - Les SOLAR FLARES font vraiment forts. Les GORILLA
de Hastings sont puissants (Je veux dire vraiment puissants). Ils sont
cools. Les BRONCO BULLFROG sont cools eux aussi mais je les préfère
probablement en live que sur disque (Plus rocknroll sur
scène ?) Les THANES sont toujours excellents après toutes
ces années. Il y a aussi une paire de bons groupes irlandais
... Les THINGS de Dublin et les KEEPERS de Belfast
LN
- Vous navez jamais pensé que votre image 60s à
outrance pouvait détourner certains fans potentiels ? Le fan
moyen de rocknroll ou de power-pop pourrait se sentir en
dehors de la cible, non concerné parce que votre image est trop
forte ...
EMBROOKS - Si, mais quest ce quon peut y faire ?
Je ne crois pas que qui que ce soit dentre nous soit prêt
à lâcher son image pour toucher un public plus large. Je
pense que notre public sest élargi ces dernières
années. Sans quon ait eu à changer quoi que ce soit.
Le public (en tournée et chez nous) est assez varié. Il
ny a pas que des psych/Freakbeat freaks. Peut être encore
plus aux USA. Nous avons eu toutes sortes de gens qui sont venus nous
voir. Des gens que tu nimaginerais pas nécessairement dans
ce genre de musique. En fin de compte, cest la musique qui tranche
et si les gens peuvent aller au delà des coupes de cheveux bizarres
et des vêtements pour juste écouter, ils aimeront.
LN
- Langleterre est connue pour ses changements incessants de modes
musicales, comment un groupe tel que les EMBROOKS est-il perçu
par les journaux musicaux ?
EMBROOKS - Avec mépris et dédain !! La même
chose que pour la scène Mod dont on parlait plus tôt. Si
tu nas pas le parfum du mois, tes baisé ! On pensait
que le truc «Nu-Garage» (HIVES, WHITE STRIPES, DATSUNS etc»
secouerait un peu les choses, et je crois que ça a été
un peu le cas, mais ça na pas eu un effet renversant. Les
fanzines nous aiment bien mais cest tout.
LN
- La «British invasion» sest terminée il y
a quand même quelques années ... Quelle a été
la réaction des yankees à la venue des EMBROOKS ?
EMBROOKS - On les a mis en pièces !!!! Il y avait tellement
de gens qui déliraient !! Les gens nous disaient quils
navaient pas vu un groupe comme le notre depuis longtemps (si
ce nest jamais) mais le mieux, cest que les gens comprenaient
totalement ce quon faisait. Ils nous comparaient aux WHO, CREATION,
MOVE, YARDBIRDS etc ... Ce qui était tout simplement fantastique.
Javais un peu peur quon soit un peu trop british pour eux
mais pas du tout !
LN
- Vous navez jamais pensé à chanter en Italien du
fait que vous avez un natif dans le groupe ? En une sorte dhommage
aux groupes Anglais qui sont allés chercher le succès
là-bas dans les années 60 ...
EMBROOKS - On a fait une reprise de «No, no, no» des
SORROWS en italien qui est sortie sur un Cd gratuit avec le fanzine
américain The Bob en 2001. Cétait bien cool ! Mais
je ne crois pas quon ait le projet de recommencer.
LN
- Quel est votre sentiment quand des groupes «garages» entrent
dans les charts ? Avez vous limpression davoir des choses
en commun avec les HIVES ou les WHITE STRIPES ? Ce nest pas un
peu bizarre de voir un groupe qui ouvre pour les STONES enregistrer
dans le même studio que vous (les WHITE STRIPES au Toe rag) ?
EMBROOKS - Cest un peu étrange, mais ce nest
quun groupe qui se préoccupe de son son et qui va dans
le bon studio pour lobtenir. Cest chouette aussi pour Liam
dobtenir un peu de reconnaissance pour ce quil fait pendant
toutes ces années. Je ne pense quon ait grand chose à
voir avec les HIVES ou les STRIPES mais une partie du concept
ou de la théorie qui sont derrière les WHITE STRIPES nous
est peut être applicable. La manière de sen foutre
et de faire simplement la musique qui nous plait sans faire de concession
envers une tierce partie.
LN
- En parlant du Toe rag, est-ce vraiment lendroit ultime pour
enregistrer le son que vous cherchez ?
EMBROOKS - Absolument ! Je nenvisagerais même pas denregistrer
ailleurs. Certainement pas dans le Royaume-Uni en tous cas. Il ny
a aucun endroit où trouver le matériel ou les techniciens
ultras compétents pour utiliser ce matériel. Tout le processus
a la qualité de ce qui est fait par un humain, de manière
organique. Quand il faut monter la bande, Liam sort une lame de rasoir
et coupe la bande, il ne semmerde pas avec Pro-tools ou une autre
connerie du genre ! Si tu veux du Phasing, on enclenche le vieux ADT,
pas une horrible merde de pédale Boss. Si tu veux de la réverbe,
il y a un énorme ressort dans une boite dans le couloir, pas
un Zoom 2000-putain-je-sais-pas-combien !!!! Tout est fait PROPREMENT
- Analogue. Bande 1/4 de pouce, 8 pistes, bons micros, un local live
professionnel, la totale !!
LN
-Jai entendu dire que Liam intervient dans les compos, la musique
des groupes quil enregistre ? Quest-ce que vous pensez de
ça ?
EMBROOKS - Pour clarifier les choses, il ne sinvestit pas
dans les compos mais il a souvent des idées pour mettre certains
effets ou jouer sur la stéréo. En fin de compte, tu as
le pouvoir total sur ce que tu veux mais il est bon de pouvoir avoir
une opinion objective sur ce que tu fais, venant dune personne
qui nest pas directement impliquée mais qui peut te donner
de bons conseils.
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