Chroniques
de disques pas vraiment dactualité
Part1
Je tombe sur
ce bon CD à la médiathèque : "The EP Collection"
de Bo Diddley, avec pas mal de titres qui ne sont pas sur léternel
Best of, certains très bons comme "Hey good looking"
ou "Put the shoes on Willie" par exemple. En général
Bo démarre seul à la guitare, avec un son énorme
pour lépoque et cette façon bien à lui décorcher
son riff. La batterie (qui se limite à une caisse claire, la plupart
du temps !) et les maracas arrivent dessus de façon tellement frénétique
que tout semballe. Ses meilleures chansons ont quelque chose danimal,
denvoûtant. Je ne connais dailleurs aucune musique aussi
primaire que la sienne, laccord de guitare y est littéralement
matraqué, en question-réponse avec sa voix. Quelques solos
et voilà, cest à peu près tout. Dune
simplicité et dune efficacité déconcertante
quand on y pense... Maintenant, prenez les reprises de Bo Diddley : "Diddy
Wah Diddy" des REMAINS, "Who do you love" du Peebles
n°1, la même chanson par les DOORS en live, "You cant
judge a book by its cover" des SHADOWS OF KNIGHT ou encore
"Hey Bo Diddley" sur le troisième album des GORIES. Y
en a plein dautres, plein de perles dans ce genre et à chaque
fois dans des styles différents : ce gars est la base du rock.
En parlant de reprises de Bo Diddley, je trouve chez un disquaire le premier
LP des ROLLING STONES, "Englands newest hitmakers",
qui contient lui aussi, comme tout album de lépoque digne
de ce nom, sa reprise du bluesman, à savoir "I need you baby",
très calme, planante comparée au reste de lalbum mais
très réussie dans son genre. Je suis assez content de la
trouvaille étant donné la rareté de lobjet
et sa place mythique dans le rock. On peut le considérer comme
le premier volet dune tétralogie dont les suites seraient
"Around and around", "Everybody needs somebody to love"
et "Out of our heads". Quatre fondations du rock, quatre albums
en moins de deux ans, proches mais avec chacun leurs touches. Rythmnblues
au départ, rocknroll ensuite et plus soul sur la fin.
Sans compter les inédits de 1963 comme "Roadrunner" (une
version inégalable, si ce nest par loriginale). Quasiment
que des reprises, avec à chaque fois ce son typiquement anglais
des STONES du début. Ça sécoute facilement,
avec nimporte qui
mais en même temps cest du rock.
Je suis fan.
Même période, même pays que les STONES, je reçois
ensuite le premier album de CREATION dont je navais jamais
entendu parler avant le dernier Loose Nut et qui ma mis par terre
à lécoute de leurs deux premiers singles "Making
Time" et "Biff! Bang! Pow!". Freakbeat
Pop-Art
drôles de termes pour décrire une façon de jouer du
rock que je ne connaissais pas. Pas aussi crade que les groupes garages
américains de lépoque. Une façon plus claire,
plus travaillée mais en même temps plus explosive. Lalbum
en question, "We are paintermen" (1966), contient non seulement
les deux fabuleux singles mais dautres titres tout aussi indispensables.
Lensemble sapparente plus à un groupement de singles
quà un album. La voix, par exemple, part un peu dans tous
les sens, dans un registre qui va de la pop au punk. Vous navez
pas le temps de vous habituer au style de la chanson que la suivante est
complètement différente. Mod, Pop-sucré puis acide,
reprises ultra-classiques, un morceau heavy puis punk et enfin psychédélique
la chanson vous choque au début, vous lécoutez plusieurs
fois et à la fin vous trouvez ça excellent. Des titres comme
"Painterman" ou "Can I join your band" sont impressionnants.
Psychédéliques comme on pouvait lêtre en 1966,
dans les sons, dans les structures. Rien à voir avec les 13th FLOOR
ELEVATORS et encore moins avec les choses des années 70. Ici cest
joué rock à 100%. Beaucoup de personnes me parlent du premier
album de PINK FLOYD, "The piper at the gates of dawn", dans
le même style pop-psychédélique mais moins connu,
je trouve celui de CREATION encore meilleur. Le reste, vous le connaissez
déjà si vous avez lu le dernier numéro
Je reçois aussi lalbum LINK WRAY AND THE WRAYMEN de
chez EPIC que jaurais du mal à dater précisément
tant lhomme sest éparpillé dans ses enregistrements.
Disons le début des années 60, avant la british invasion,
pour situer. Dans une interview, Poison Ivy décrit Link Wray comme
le type possédant "the most apocalyptic, monumental sound
I ever heard, real emotional and so simple and so violent". Ces commentaires
devraient à eux seuls attirer votre attention sur ce drôle
de personnage, aux croisements du rockabilly et du surf. Une histoire
de son au départ, comme elle le dit. Si vous connaissez celui dEddy
Cochran vous ne serez pas loin sauf que Link Wray joue surtout des instrumentaux,
de façon surf, avec des gros riffs plaqués sur la corde
grave et un son encore plus électrique. Pour découvrir notre
homme, cet album peut savérer intéressant étant
donné son homogénéité et la qualité
des titres. Que des bons, pas de souci
des classiques mêmes.
Par contre, si vous voulez deux ou trois morceaux hors catégorie
pour comprendre tout lenthousiasme de la guitariste des CRAMPS,
je vous conseillerais également de piocher dans les quatre compilations
sorties par Norton sous le nom de "Missing links". Pas chères,
beaucoup plus espacées dans le temps (de 1958 à 1965 environ),
forcément plus hétérogènes dans le contenu
mais avec quelques titres encore plus forts. Je pense surtout au volume
2, "Big city after dark" et à ses cinq premiers morceaux
par lesquels jai eu la chance de découvrir Link Wray et qui
mont donné envie dacheter le reste, ce qui naurait
peut-être pas été le cas si javais commencé
par autre chose
Vient ensuite un 45Trs de THE DEACONS (chez Sundazed) que jai
choisi un peu par hasard, mais en partie aussi parce quil contenait
une version d"Empty heart", pas très furieuse en
fin de compte, du moins pas autant que celle des BUSHMEN sur laquelle
javais tilté à ma dernière commande, avec une
voix tellement forte et saturée que mes voisins doivent encore
sen souvenir
Musicalement, la version des DEACONS est tout
ce quil y a de plus cool, surtout le final, cest juste la
voix qui est un peu trop mélodique à mon goût. En
face B, une reprise soul jouée de façon 100 % soul. Y a
que le son de guitare qui vient vous rappeler que cest un groupe
garage '66.
Prenez votre élan et avancez la pendule de 20 ans : je vous laisse
en compagnie des SCIENTISTS
Etant donné la difficulté
à trouver leurs albums, les deux compiles de chez Monster (82-86)
tombent à pic pour retracer le parcours du groupe australien. En
plus, Kim Salmon est dans le coup et ses explications sont nombreuses,
avec en prime un énorme poster dans chaque LP et de nombreuses
photos, qui parlent delles-mêmes dailleurs
rien
à redire. Sans compter lépaisseur du vinyl (220g !!)
qui atteint ici des records. Vraiment bien. Musicalement, les SCIENTISTS
font partie de ce que jai entendu de meilleur des années
80, même si je pioche avec prudence dans cette décennie tant
elle peut devenir écurante si on en abuse. Le son du groupe
est précis et ample à la fois, moderne, avec une basse répétitive
et une ambiance quelque peu torturée qui me ferait penser à
"Goat" de JESUS LIZARD ou aux BIRTHDAY PARTY plutôt quà
des groupes garages. La voix du leader par contre, avec sa reverb, sinscrit
dans la droite lignée de Lux Interior et dAlan Vega (cest
plus vrai que nature parfois) et cest ce qui rend le groupe différent
de ceux cités plus haut. Plus rock et moins noïse. Un titre
comme "Atom bomb baby", par exemple, est à la frontière
de tout ces styles, sans jamais être un plagiat. Le groupe prend
le meilleur de tout ça et le rejoue de façon originale,
puissante, sans tomber dans les clichés ou le second degré.
Ce qui mimpressionne aussi, cest lintensité du
chant de Kim Salmon. Son influence sur certains groupes me paraît
maintenant évidente, particulièrement sur les CHROME CRANKS
et tous ceux qui ont repris ce coté sombre et intense sauf quà
la limite, les SCIENTISTS vont être plus originaux et moins faire
réarrangement de classiques blues. Sur chaque LP, il y a bien 3
ou 4 chansons excellentes, le reste étant largement bon
une
bonne découverte donc.
Autre groupe des années 80 et dans le même esprit dailleurs,
les HONEYMOON KILLERS, avec "Sing Sing 1984-1994", 55
morceaux qui retracent lhistoire du groupe sur un double CD pour
le prix dun simple. Bon point déjà. A la première
écoute, le groupe me rappelle les tout premiers enregistrements
de PUSSY GALORE, ce qui aurait pu être bon signe sils avaient
eu un chanteur digne de ce nom. Le groupe new-yorkais fonctionnait comme
un laboratoire de recherche, enregistrant une chanson à partir
du moindre riff, de la plus petite idée. Pas vraiment des puristes
du son par-dessus tout ça. Vous prenez un 8 pistes, des SM57, un
vieux twin et ça suffit. Vous pouvez même jouer sur une gibson
si ça vous chante, lessentiel étant dêtre
crade. Vous ajoutez un micro pourri pour la voix et ne vous inquiétez
surtout pas si elle sature car personne dans le coin ne sait chanter....
nimaginez pas non plus du garage à la OBLIVIANS, cest
vraiment moins punk. A la fois plus blues et plus expérimental.
Quelques bons trucs sur lensemble mais on atteint rarement lalchimie
de Jon Spencer, passé maître à lépoque
dans ce genre de discipline. On le retrouve dailleurs à la
guitare sur une partie de la compile, tout comme Judah Baeur et Russell
Simins. Cest la même bande en fait. Des fanatiques du "Exile
on main street" des STONES. Des bons, vraiment. Juste ce chant qui
narrive pas à transformer des délires garages en chansons
réellement accrocheuses. Ça se laisse écouter sans
problème, y a même 4 ou 5 titres qui restent en tête,
quon a envie de réécouter plusieurs fois, ce qui nest
déjà pas si mal après tout
Chroniques
de disques pas vraiment dactualité
Part 2
Jattendais
avec impatience les enregistrements des MISSING LINKS après
avoir découvert leur single phare, "Youre drivin
me insane", sur le nuggets II et jaurais du mal à décrire
ce titre tant il me paraît différent de tout ce que jai
entendu de lépoque (
"lépoque"
qui va de 1965 à 1966). Sans conteste un des titres les plus original
du coffret. Violent, avec un rythme de guitare lourd et tendu de deux
accords, pas du tout rocknroll. Rien à voir avec les
classiques comme "Dirty water" ou "Psychotic reaction".
Du psychédélisme pus jus, avec roulements de tom interminables
et abus de cymbales en tout genre. Le groupe fut dailleurs décrit
en son temps comme le plus sauvage dAustralie. Le CD ("Driving
you insane"), malgré son prix élevé, a lavantage
de regrouper lensemble des enregistrements du groupe, le tout de
façon bien découpé avec lunique album, les
EP et les 45 Trs, dans un livret de 40 pages. Du bon travail. Coté
musique, faire un album entièrement dans la lignée du single
étant mission impossible, le groupe se perd un peu entre reprises
rythmenblues, rocknroll et psychédélisme
trop calme à base de tam-tam. Un mélange un peu indigeste
au premier abord. Ils ont même été jusqu'à
passer à lenvers le dernier titre de lalbum, "Htuom
tuhs", une chose certainement originale pour lépoque
mais qui ne présente plus dintérêt maintenant.
Jai donc été déçu au départ car
j'en attendais beaucoup. Mais voilà que deux semaines après
cette première écoute, je me surprends à apprécier
une poignée de titres, à commencer par le premier dont lunique
refrain est un hurlement qui dit "cause youre wild
and
im wild about you !", sûrement lhistoire dun
gars qui tombe fou amoureux dune fille et qui, pour fêter
ça, lui concocte une chanson à base de trois notes et de
ce refrain primaire. Ça ne vous rappelle pas quelque chose ? si
?
à peu près la moitié des titres garages de
lépoque, non ? Pourquoi iraient-ils chercher plus loin ?
Il y aussi une bonne reprise de Dylan, "on the road again" et
puis surtout, il y a ce son de guitare, pas vraiment anglais, ni américain
australien peut-être ? Ma connaissance musicale de ce continent
étant trop limitée, je ne pourrai vous répondre.
En fin de compte, un album correct (mais qui devient indispensable avec
"Youre drivin me insane"), combinant à la
fois le coté primaire des riffs et paroles U.S et lexpérimentation
psychédélique des anglais. Les 45Trs ajoutés sont
dans la même lignée mais petite déception quand même,
le son de ce CD est loin datteindre celui du nuggets. On entend
moins les subtilités à la batterie, la guitare est moins
directe
des petites choses qui changent tout au final. Cette compile
est de toute façon le seul enregistrement disponible du groupe.
Qui aurait pu imaginer que pendant ce temps là, en 1965, Nico,
Jimmy Page et Brian Jones sétaient réunis pour accoucher
dun single où la première chante et les deux autres
jouent de la guitare ? "Im not sayin" est une reprise
folk au tempo rapide, très légèrement orchestrée
de violon, un peu fleur bleue mais qui convient parfaitement au style
de la chanteuse. Et avec une belle pochette, en plus. Dans la même
famille, il y a aussi "All tomorrows dance parties", les
premiers enregistrements de Lou Reed, fin 1962. Deux chansons entre ballade
et rockab où on reconnaît déjà cette façon
agressive quil aura de chanter. En face B, son premier groupe (1958)
, les JADES où il est juste à la guitare, dans un style
doo-wop, avec des curs et du sax. Un 45Trs assez quelconque quand
même.
Plus récent et beaucoup plus sauvage. Cela faisait pourtant longtemps
que je navais pas écouté de punk-rock mais je me suis
souvenu des ELECTRIC EELS, groupe obscure de Cleveland, dont javais
entendu parler comme le premier groupe punk de lhistoire (1975).
Quand on évoque les précurseurs punks et si lon exclu
les groupes garages sixties, tout le monde tombe daccord avec les
STOOGES et ensuite avec les MC5 ou les NEW YORK DOLLS. Cest vrai
mais en même temps, ce nest pas réellement du punk
mais plutôt une mixture de hard-rock, de garage et de rocknroll
(les trois groupes sont dailleurs complètement différents).
Avec les ELECTRIC EELS par contre, on est bel et bien dans du punk. Plus
simple, plus rapide et plus bruyant que les autres, un peu dans le style
du premier 45Trs de BLACK FLAG, celui avec Keith Morris au chant (de 1978).
Plus crade encore, du fait que le groupe navait pas de bassiste
et que les deux guitaristes utilisaient des amplis Vox qui sont parmi
les plus bruyants jamais réalisés, ceux qui ont fait le
son des BEATLES et des STONES. Un son garage comme cest pas permis
chez un groupe punk ! Sorti sur Rough Trade en 1978 (alors que le groupe
nexistait plus), leur premier 45Trs est même cité par
certains comme le meilleur single punk jamais réalisé et
cela ne me paraît pas être un titre usurpé. Les deux
morceaux ("Agitated" et "Cyclotron") sont envoyés
si furieusement et anarchiquement que cest à ce demander
pourquoi le groupe est si peu connu. Les riffs tournent tellement, les
solos sont si saturés que la voix a du mal à couvrir le
raffut occasionné. En ce qui concerne les paroles, elles ont quelque
chose de particulier, dans leurs structures notamment. Il ny a pas
vraiment de refrain et les phrases sont longues, ce qui oblige le chanteur
à chanter vite. Cest pas mal fait, même si, au niveau
du contenu, il faut aimer ce qui est volontairement outrageux ("youre
a full of shit"
), une tradition chez les punks. Le groupe na
enregistré que 11 jours dans sa carrière et apparemment
ils nauraient pas fait plus de 5 concerts (plus ou moins chaotiques
d'ailleurs, selon la légende). Tout y est pour faire des ELECTRIC
EELS un groupe culte ! Sur les quelques 25 titres enregistrés par
le groupe (le CD sappelle "the eyeball of hell"), vous
pouvez en jeter une bonne partie. Jen garde 10 au maximum, les plus
rapides, le reste ne méritant pas de dépasser le stade des
répétitions et viendrait même diluer lensemble.
Niveau look, avec leurs cheveux longs et leurs débardeurs, on les
sent encore imprégnés par les années 70. Nempêche
que maintenant, les ELECTRIC EELS sont parmi ceux qui me viennent en premier
à lesprit quand je pense au punk-rock.
Ps : pour anecdote, le batteur du groupe, Nick Knox, rejoindra ensuite
les CRAMPS.
Tant quon est sur les CRAMPS, on peut toucher deux mots sur
la sortie en vidéo dun concert quils ont donné
gratuitement dans un hôpital psychiatrique (le Napa State Mental
Hospital) car ça vaut le coup dil. Cela se passe en
1978, une bonne période pour le groupe, celle avec Bryan Gregory,
le guitariste au look ahurissant. Le concert ne dure pas longtemps mais
suffisamment pour comprendre pourquoi les CRAMPS sont hors norme et en
quelque sorte le premier groupe de garage moderne. Le concert débute
par "Mistery Plane" et le peu de spectateur présent (uniquement
des fous donc) sont soient absents (certains lisent leurs journaux en
plein milieu de la salle) ou alors très enthousiastes (par exemple
un énergumène qui hoche la tête comme à un
concert de métal ou une grosse bonne femme en robe à fleurs
qui saute sur place pendant tout le set !). Tout le monde vient voir le
groupe de près étant donné quil ny a
pas de scène, certains chantent même avec Lux Interior qui
perd tellement peu son sang froid que cest à se demander
sil nest pas aussi siphonné que son auditoire. A voir
tout en sachant que limage est très pauvre et en noir et
blanc mais le son correct.
Un groupe dactualité pour finir
il sagit dOXBOW.
Javais entendu parler deux il y a 4 ou 5 ans mais lidée
de les écouter était restée en suspens jusquici,
par simple oubli,étant donné le peu de fois où leur
nom mest revenu entre temps. Cest seulement avec la réédition
sur le label Ruminance de "Let me be a woman" (1995 au départ)
que je my suis mis. Dans la foulée, je me suis aussi procuré
"serenade in red" (1996, également réédité
sur Ruminance il y a peu) et le dernier album, "an evil heat"
(2002), histoire de rattraper le temps perdu. Ce qui frappe à la
première écoute, cest le chant, qui me fait penser
à celui dAl Johnson (SHORTY/US MAPLE) dans la façon
dutiliser les bruitages bizarres ou les syllabes incompréhensibles.
On voit tout de suite quon a affaire à un performer. Un ensemble
franchement noïse même si ici, ils auraient utilisé
le penchant sombre là où les groupes de Skin Graft auraient
plutôt recours au fun. Lavantage dun tel chant, quand
il est bien fait, est de faire ressortir un peu de folie et démotion
aux chansons. Si en plus la musique est violente, cela peut donner des
mélanges explosifs. Par exemple, sur le titre "Gal" de
"Let me be a woman", sans lire les paroles, on imagine facilement
des histoires macabres... le chanteur se met dans la peau de personnages,
comme un acteur et les histoires quil interprète nont
pas lair franchement gaies. On lentend même pleurer,
sur certaines chansons. Mais heureusement ici, on ne tombe jamais dans
des choses trop forcées. Pas du tout même. La musique aussi
a son truc. Comparée à la noïse pratiquée à
chicago ("la Mecque" pour le style), celle dOXBOW est
plus compliquée, lensemble est moins direct, plus changeant.
La basse nest pas aussi stable et lourde, les sons plus clairs et
en ce sens, leur musique se rapprocherait autant du post-rock que de la
noïse, sans pour autant que cela soit chiant à mourir. Pensez
à HELIOGABALE, pour la complexité des structures et le gros
travail de construction. Chose assez rare, le dernier album est aussi
intéressant que les deux sortis juste avant. Les trois se ressemblent
tellement quil est même difficile de dire quel titre fait
partie de quel album. Cest peut être ce qui me gène
un peu d'ailleurs. Jaurais tendance à préférer
un groupe qui sort un album génial, même si ensuite il nous
pond des vieilles daubes. A chaque fois, il y a bien 3 titres géniaux
et le reste, plus expérimental, sert dintermédiaire
pour calmer un peu les esprits. Si par malheur le groupe enchaîne
ces quelques titres en concert, cela doit être monumental. Je peux
rajouter pour finir quils ont déjà sorti dautres
albums, apparemment différents, mais je nai pas encore réussi
à mettre la main dessus.
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