The BAD ROADS «Blue girl Ep» Sundazed
Il ne faisait pas bon être punk en 1966 à Lake-Charles en Louisiane ... Les BAD ROADS en savaient quelque chose, ils amenaient à chaque concert un flight de guitare rempli de manches de pioches, de pieds de micros cassés ... «Les kids nous adoraient mais les rednecks du coin attendaient dehors pour nous tuer ...» Si on regarde bien la photo au dos de la pochette, on voit même qu’un d’entre eux s’est fait sauter dessus par les footballeurs de l’école quelque temps auparavant ... Il a le menton écorché et une coupe de cheveux un peu trop fraîche ... Same old story ... Same old grind. Et pourtant, si les beaufs avaient eu des oreilles, ils auraient entendu que les BAD ROADS étaient le groupe le plus cool du monde, que rien ne valait leur enthousiasme, leur innocence. Et que rien ne les vaut encore aujourd’hui. Rien ne vaut ce «Blue girl» et son riff de fuzz, ce «Too bad» arrogant entrecoupé de refrains mélancoliques et déchiré de fuzz. Les plus cools du monde. Vous avez de la chance, vous pouvez les écouter grâce à Sundazed.

 

BANG ! (Corduroy/Teen sound)
Aie, aie. Cette chronique me tracasse. Les bougres ne s’en laissent pas compter et n’hésitent pas à corriger le (les propos du) malheureux qui aura commis l’imprudence de se mélanger les crayons à leur sujet. Qui plus est, ils sont parisiens et n’hésiteront probablement pas à remplir une Austin Healey pour venir me corriger le cas échéant. Vous me direz peut être que je prends des risques inutiles car cette chronique fait double emploi avec l’interview que vous avez lue précédemment, vous n’avez pas tort. J’avais tout de même envie de vous toucher quelques mots des trois Eps que j’ai réussi à me procurer d’eux. Ne serait-ce que pour vous donner une dernière fois envie de les trouver.
Je maintiens la filliation avec certains travaux des TV PERSONALITIES et des TIMES. C’est une première chose. Rien d’étonnant à cela, puisque les trois groupes ont une source d’inspiration commune, les artificiers anglais de la sorte des FLEUR de LYS, CREATION, SMOKE etc (mais n’y ajoutez rien de trop gras, vous feriez fausse route) ... Un goût pour la mélodie et les arrangements à tiroirs secrets. Des groupes que je viens juste de citer, ils n’ont pas le son. Ils ne se sont pas appliqués à retrouver la puissance sonore des CREATION et autres magiciens Freakbeat. Ils ont par contre crée quelques mélodies quasi-psychédéliques, je pense en particulier à un morceau, «Cinnamon Fiend», qui fait preuve d’une sacré habileté pour brouiller les pistes.

 


The BROGUES «Don’t shoot me down Ep» Sundazed
Même topo que pour le SOMETHING WILD mais avec quatre morceaux. «I ain’t no miracle worker» et «Don’t shoot me down» en tête ... Avec un son fabuleux. Passez le à fond et je vous défie de ne pas partir en hurlements avec le groupe. Une putain de bombe avec laquelle j’ai redécouvert «Miracle worker», un morceau qui n’est qu’une infernale montée en intensité, déchiré en son milieu par une putain de fuzz et qui se termine sur le pire rave-up jamais entendu. «Don’t shoot me down» est un assaut permanent de guitare fuzz, soutenu par orgue qui pompe le même riff, hormis les breaks, pendant prés de deux minutes ! Crazy motherfucker. «Someday» parait bien léger en comparaison mais ne manque pas d’intensité lui non plus. Rythme hyper soutenu mais contenu plus pop. Super cool quand même. Reste «But now I find», un Diddley-Beat atomique, tout droit sorti de la cuisse de «Miracle worker» et «Don’t shoot me down». PUTAIN DE TUERIE. PUTAIN D’INTENSITÉ. Qui se termine lui aussi sur un putain de Rave-up chaotique. Sans faute...

 

 

The DUKES OF HAMBURG «Some folks by» Gearhead
Je ne sais pas à qui ils ont piqué la couverture de ce disque qui les voit revétus d’armures médiévales mais ils essayent toujours de nous faire croire qu’ils viennent tout droit du port allemand. Je me demande d’ailleurs s’ils n’ont pas piqué aussi la play-list de l’album en question. A peu de choses près, tout colle. Juste la reprise «Hey Joe» qui ne cadre pas. Plutôt les LEAVES en 1966. En dehors de ça, des standards. Peut-être même certains d’entre vous prendront peur tant le choix est évident. «Boom, boom», «Mercy, mercy», «Empty heart», «Slow down», «Women» (joué comme les EASYBEATS c’est à dire à fond !) ... et même donc «Hey Joe» bien qu’il fasse partie d’un univers sensiblement différent.
Ce doit être leur quatrième album mais je ne connaissais que le précédent qui est exactement du même tonneau. Rhythm’n’Blues Punk super frénétique, joué à la perfection par une bande de types qui ne se prennent absolument pas au sérieux. C’est vraiment parfaitement exécuté. Je me permets d’insister là-dessus parce qu’il semble que certains de ces morceaux n’ont jamais été joués d’ une telle manière, rendus avec un tel son. On se prend à préfèrer les reprises aux versions originales, ce qui est assez rare, surtout quand il s’agit comme ici de versions fidèles. Je pense en particulier à «Empty heart» dont les versions des STONES et de Kenny and The KASUALS en particulier ne m’ont jamais parues proches à ce point de la perfection. A «Mercy, mercy» qui joue dans la même division que les REMAINS (Alors là, vous pouvez parler d’hommage) A «Women» qui taquine aussi les EASYBEATS. Vraiment excellent jusqu’au son sec, net, tranchant, puissant ... Ces parties d’harmonica distordues qui hurlent à la mort ! Franchement jouissif. Les PRETTIES auraient été fiers.
The EMBROOKS «Separations» Dyonisus.
C’est semble t-il leur premier album. Ils viennent d’en sortir un second chez Voxx/Bomp. L’orientation de ce premier Lp est moody-punk, traduisez garage-punk aux accents mélancoliques. A une ou deux exceptions près, une reprise des YOUNG RASCALS en particulier, les morceaux ne s’emballent guère. Pas ou peu de rave-up furieux, mais des voix gavées de reverb, des mélodies aux accents mineurs, presque des ballades en fait . Le son est un peu caverneux ... Authentique mais proche en fait d’un mauvais son d’époque. Je dois reconnaître que j’ai un peu du mal à accrocher. Un ou deux morceaux de ce genre sur un album me suffisent généralement ... Deux faces, ça fait beaucoup. Je crois savoir que depuis l’enregistrement de ce disque ils ont laissé petit à petit leurs influences US moody-punk de côté pour jouer des choses plus énergiques ... J’ai même croisé une créature de rêve cet été qui portait un tee-shirt à leur effigie mentionnant «UK’s freakbeat finest» ! Tous les espoirs sont permis d’autant qu’un titre de l’album, «I was alone», laisse présager de bonnes choses.
GAZOLINE «Fake to fame» Estrus
Peu de disques de chez Estrus ont les honneurs de ma platine ces derniers temps. Il y a deux catégories de disques sur ce label : La première renferme des groupes Hotrod-punks un peu gras, en fin de compte pas très loin du hardrock et la seconde, plus fournie, est caractérisée par les groupes «blues trash» (Sorties récentes : FLYING GUILLOTEENS, IMORTAL LEE COUNTY KILLERS, SOLEDAD BROTHERS). Aucune des deux ne remporte mes suffrages. Restent les outsiders. Reste GAZOLINE. GAZOLINE à qui je ne donnais pourtant pas beaucoup de chances ... La pochette : Encore une fille nue ... J’en ai pire que ras le cul de ces clichés débiles et éculés. Je n’ai jamais été trop fan et je me suis toujours demandé ce que pouvaient en penser les filles elles-même. Ne se sentent -elles pas un peu exclues de la cible ? L’idée qu’un disque puisse être par destination réservé aux garçons me ferait partir en courant. Ensuite, il y a le patronyme référant à l’industrie automobile ... Autre cliché qui commence à me fatiguer sérieusement, je suis pourtant un «car-guy», surtout quand la voiture en question a été produite à Detroit avant 1968. Ca ne me donne par pour autant envie d’être bombardé de références à cet univers ... Surtout quand ça flaire bon l’opportunisme. Je préfère en avoir une dans mon garage que sur mes disques. En bref, GAZOLINE revient de loin.
Imaginez de la soul/R’n’B late 60’s jouée par des punks japonais gavés d’amphetamines. Pas de trompettes, pas de cuivres, juste un fender Twin-Reverb, une pédale fuzz et un orgue de temps en temps ... Placez le tout devant une paire de micros et un quatre pistes et vous avez le pire truc infectieux qu’on puisse imaginer. Peut-être pas complètement révolutionnaire mais pour lequel vous aurez quand même du mal à établir des comparaisons. Le genre de disque que vous avez envie de faire découvrir à tous vos potes

 

THE GILJOTEENS «The state I’m in» Teensound/Misty lane
Cousins des ROADRUNNERS. De Stockholm. Passeport Suédois donc. Pas vraiment le meilleur pour entrer chez moi vous le savez, mais le nom est cool. J’aime bien la similarité de sonorité avec GUILLOTEENS. Au moins un bon point ! La pochette est cool aussi, Ca ressemble furieusement à un truc des ROLLING STONES période 65/66. Tandem guitare/orgue ... Merde, l’essai statique vire au sans faute. Bon, rien n’est gagné, tout ça a déjà souvent, trop souvent servi à emballer une merde ou plus banalement un truc qui ronfle à fond mais qui n’a pas grand chose dans les pattes. Par hasard, c’est avec la face B que j’ouvre le bal. «Hey man». Un riff bien haché. Son de guitare super cru. La voix arrive derrière. Le ton est cool. La mélodie est simple mais pas forcément évidente (Vous saisissez la nuance ?), elle est surtout infectieuse. Vous n’avez pas terminé la première écoute que vous êtes déjà en train de chanter en coeur le refrein. Ca c’est rare. Surtout pour un truc enregistré en 2000. Pas de relent Heavy-rock 70’s qui pue de la gueule. Le truc pur teenbeatpunk. Pas de putain de guitare-héros frustré pour venir saccager le tout. Vient ensuite une ballade Farfisa-guitare-arpèges un poil mélancolique pas mal foutue du tout. Un petit brin d’innocence (ou de simplicité ou encore de sincérité) plane la dessus, juste ce qu’il faut pour rendre le morceau poignant et renforcer ma première bonne impression. Les deux morceaux de la face A sont du même tonneau. Le premier «The state I’m in» est un peu une espèce de rip-off (involontaire ?) de «Don’t tread on me» de Kit and The OUTLAWS suivi lui aussi par une semi-ballade vitaminée («Make up your mind»). Semi-ballade parce que tempo lent et arpèges, vitaminé parce que bien soutenu quand même. Chouette 45t. Vraiment.

The MOVIEES «Become one of them» Sundazed / Living Eye
Attention, cas un peu particulier : Les MOVIEES sont le seul groupe à ma connaissance autre que les CHESTERFIELD KINGS sur Living-Eye records. Living-Eye étant le label de Greg Prevost et Andy Babiuk ... Des CHESTERFIELD KINGS ... Vous imaginez ce qu’il a du falloir pour faire fléchir ces deux main-iacs . Sundazed s’étant également associé au projet et coproduisant le disque, la piste semble vraiment sérieuse. Il sort tellement de choses dans le genre qui ne tiennent pas les quinze premières secondes (dernier en date à atterrir sur ma platine, les CRUSADERS ... Enchaînement de clichés sans une once d’imagination) que je suis plutôt méfiant quand il s’agit de lâcher une partie de mon magot chèrement gagné. Pas la peine de faire durer le suspense, j’ai laché à bon escient. Enregistré au studio Living-Eye, le sanctuaire que se sont aménagés Greg et Andy pour se mettre à l’abri des techniciens ignares et de leur matériel stérile, le disque tient ses promesses. Le son est assez proche de celui des chesterfield KINGs, chrystal-clear mais dynamique, puissant sans être pachydermique, précis. Bon. Restent les morceaux. Neuf compos et trois reprises inconnues par chez moi. Et là aussi, y’a bon. Les titres sont variés, vous emmènent et, c’est beaucoup ce qui fait leur force, réservent des surprises à chaque écoute. On n’est jamais en terrain balisé. On redécouvre à chaque fois. Leur champ d’investigation étant assez large, folk-punk, quelques remiscences de Mod-beat/heavy rock late 60’s, US garage-punk ... Ils vous garantissent un paquet d’écoutes avant que ne survienne une quelconque lassitude. A tasty mixture !
THE MOONEY SUZUKI «Three tracks Ep» Telstar.
Il y a quelque chose des SCIENTISTS dans ce groupe. Le martèlement systématique, les assauts de fuzz incessants ... L’un des titres se dégage du lot, c’est «Turn my blue sky black». Un assommoir de fuzz traversé par un refrain d’orgue qui illumine le morceau pendant quelques secondes et le tire de sa noirceur. L’un des meilleurs trucs actuels qui me soit passé entre les mains depuis longtemps.
PUBLIC NUISANCE «Gotta survive» Frantic
Il existe des secrets encore bien gardés ... L’un d’entre eux vient d’être percé à jour. Par la faute d’un double album de 28 (Vingt huit !) titres inédits. Personne ne semblait avoir jusqu’à aujourd’hui entendu parler de ce groupe californien. Ils ont pourtant tout ce dont on fait les légendes à Beatpunkville. Des tronches pas possibles, des dégaines piquées à (ou inspiratrices de ?) MUSIC MACHINE, des photos qui les voient se braquer les uns les autres à coup d’authentiques 9MM parabellum (On est au pays de la National Rifle Association mais quand même) ou passer la corde au coup à l’un de leur potes ... Photo d’un inquiétant réalisme qui me fait me demander dans quel état était le pendu après la cession ... Bref, tout ça devait faire salement tache au milieu du summer of love de leurs petits copains de L.A ou de San Francisco. Il faut dire que sous leurs coupes de cheveux à faire passer les SEEDS pour des GIs, on découvre des bouilles qui ne trahissent guère plus de 16 ou 17 printemps ... Un age où on est plus facilement attiré par les coups de pied dans les poubelles que par les sermons pacifiques. Jusqu’au nom. PUBLIC NUISANCE ! Ca ressemble d’avantage au nom d’un de ces groupes qui partageaient l’affiche avec CIRCLE JERKS ou WASTED YOUTH non ? PUBLIC NUISANCE, en 1966 ? Ils ne doutaient vraiment de rien. Remarquez que l’histoire les a rattrapés puisque c’est Kevin Seconds qui a écrit les textes d’un des morceaux, «Going nowhere», enregistré à l’époque enversion instrumentale et qui a attendu trente ans pour se voir attribuer un chant. Dommage que le texte ne soit pas retranscrit dans le livret (par ailleurs super fourni) qui accompagne le disque.
Les morceaux ne sont pas aussi monolithiques que pourraient le laisser supposer les lignes que vous venez de lire. Les groupes de cette époque étaient généralement beaucoup trop touches à tout pour se laisser enfermer dans un carcan. Il faut reconnaître avec le recul que cela impliquait souvent des dérives douteuses. Ce n’est pas le cas avec PUBLIC NUISANCE bien que j’avoue être dans un certain embarras quand vient le moment de décrire ces morceaux. Autant il est facile de vous dépeindre les exactions de par exemple les DUKES OF HAMBURG, autant celles de PUBLIC NUISANCE me laissent perplexe quand vient le moment de les retranscrire sur le papier. On n’entend pas les bases de Rhythm and Blues, de Rock’n’roll fifties, de surf qui servent de tremplin à tant de leurs congénères. Rien à ma connaissance ne sonne comme ce groupe. Quelques bribes par ci par là évoquent bien des choses connues ... Mais tellement éparpillées elles aussi. Un riff de fuzz qui renvoie à «You never had it better» des ELECTRIC PRUNES, une intro qui évoque le CLASH de «Tommy Gun» ... une rythmique assez foutraque pour avoir été pondue par MUSIC MACHINE période Bonniwell’s ... Mais dans leur écrasante majorité des morceaux qui ne ressemblent à aucun autre. Parfois complètement blindés de fuzz jusqu’à la basse, répétitifs façon assommoir mais sauvés de la complète noirceur par un chant trippy sorti de je ne sais quel fil de banane ... Si il y a un fil rouge à trouver parmis ces morceaux, ce serait une tendance au martellement incantatoire, aux voix hallucinées trempées de reverbe. De sacrés drôles de trucs. C’est un peu ce chant vaguement incantatoire qui impose ses limites au groupe à mon gout. Trop uni-dimentionnel à mon sens, pas assez de variations pour m’accrocher sur la longueur d’autant que certains titres frisent les 4 - 5 minutes ... Dommage parce que je vois peu de monde à cette époque attaquer avec autant de férocité les guitares, marteller la batterie avec autant de frénésie. Il y a toujours ce chant qui revient, assez haut perché, entêtant ... Finalement un tantinet pénible. J’aimerais pouvoir vous donner un autre son de cloche, faire écouter ce disque à quelqu’un qui le perçoive différemment mais les contributions se font rares et et je ne vois personne qui puisse faire l’affaire ... Dommage.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

The PAGANS «The pink album» Crypt
Des années et des années que j’entendais parler des PAGANS sans jamais pouvoir mettre la main sur un de leurs disques pour pouvoir y jeter une oreille.Crypt vient de sortir leurs aventures en deux volumes et je me suis payé le deuxième. Pour deux raisons, les PAGANS m’intriguaient, je viens de vous le dire, et j’avais envie de soutenir un peu les efforts de Tim Warren. Il est complètement taré ... Pour l’avoir interviewé il y a quelques années, je peux vous affirmer qu’il est aussi atteint que le laissent entendre les commentaires des pochettes des disques qu’il sort. Aucun second degré. A bloc. Mais je trouve ça cool ! Envie donc de le suivre dans cette histoire de réede des PAGANS.
Les morceaux que vous trouverez sur cet album sont les mêmes que ceux qui figuraient sur le pressage original. A la nuance près qu’ici ils sont dans certains cas remplacés par d’autres prises des mêmes sessions, le tout agrémenté de quelques inédits. L’ensemble enregistré entre 78 et début 83 dans leur bonne ville de Cleveland.
Bon, assez pour la fiche technique.
Le son global est cru, très cru. Compte tenu des différentes sources d’enregistrement, on peut dire qu’ils ont réussi à garder une belle unité de son. Hyper crade, ultra punk. Pour vous situer le truc, je compilerais bien les titres de cet album pour en faire une cassette avec les ANGRY SAMOANS (Les tous débuts) et MICHELLE GUN ELEPHANT. Rock’n’roll punk à fond, morveux et agressif à souhait, mais assez rusé pour retenir l’attention au delà de la décharge d’adrenaline initiale. De la musique à écouter sur un parking en buvant de la bière un jour de grand dégoût dirait mon pote Fred ... En ce qui me concerne, je dirais qu’ils sont le lien parfait entre DMZ et les LEWD ... Mais je ne sais pas si ça va causer à beaucoup d’entre vous.
The SCORPIONS «Green sleeves / Hey Honey»
Au milieu de la pléthore de 45 tours qui paraissent chaque jour, je me devais de sortir celui de ces SCORPIONS (Rassurez vous, rien à voir avec les caniches teutons) qui viennent, venaient devrais-je dire, de Hollande et officiaient dans les mid-sixties. Je les avais déja repèrés sur un des deux volumes de Transworld-Punk mais ce n’est qu’en entendant «Hey Honey», un après midi en bossant, que j’ai eu le déclic. C’est à ces types que Ray Brandes des TELL TALE HEARTS a piqué son timbre de chant si particulier. Vu ! Pris ! Découvert ! Trop marrant. D’autant que le morceau est excellent, vraiment (seulement desservi par un son un peu trop continental, entendez par là manquant quelque peu de carrure) et que la face B, «Green sleeve», un blues traditionnel que votre ignorant serviteur ne connaissait que pour l’avoir entendu repris par les DUKES OF HAMBURG sur leur dernier album (il y a pire comme carte de visite), est très bien lui aussi.
The SMOKE «My friend Jack» retroactive (Double Lp)
Comment ne pas perdre en crédibilité en vous servant les «fabuleux», «génial», «fantastique» qui me viennet en tête chaque fois que j’écoute ce disque. Cela fait plus de deux mois qu’il est arrivé de Hollande à l’heure où j’écris ces lignes et il ne s’est pas passé deux jours sans que je l’écoute. Sans que je me régale. Je vais essayer de vous décrire tout ça. Sans trop en faire. Juste pour vous donner envie. Une mise en parallèle avec CREATION ne serait pas fortuite. Comme eux ils ont connu leur heure de gloire à la fois en Angleterre et en Allemagne, comme eux ils fleurtaient avec le psychédélisme mais avaient des bases mélodiques solidement ancrées ... Ce que les CREATION avaient de proto-heavy rock, SMOKE le rendent en pop-songs alertes, intelligentes, décalées, pas sucrées mais bien acidulées. Des tas de mélodies super fines, jouées avec une énergie et un enthousiasme à toute épreuve. Une je-ne-sais-quoi de pop-soul flirtant avec le freak-beat. Un truc tout à eux, gavé de guitare distordue, joué avec aisance et inspiration. Du chef d’oeuvre. De la consistance. Rien, RIEN à jeter sur les 20 titres studios proposés ici ... Ce qui est rare, surtout pour groupe courant après le succès avorté d’un premier simple («My friend jack» qui connu un super démarrage en Angleterre mais fut sabordé par la censure pour cause d’apologies de la drogue ... Mon copain Jack qui croque des morceaux de sucre ...). Mes préférés sont «Don’t lead me on», justement un des titres qui laissent clairement entendre qu’il n’y a pas que les Mods qui écoutaient de la Soul en Angleterre, «Have some more tea» qui reprend le riff cisaillé de «My friend jack» pour le faire débouler sur une mélodies ultra infectieuse, hyper british ... «I wanna make it with you», «We can take it» ... Des perles. Tout un collier. Les SMOKE méritent les efforts que vous ferez pour vous procurer ce disque pas facile à trouver. Bougez vous le cul, ça en vaut vraiment le coup.

 

 

 

SOMETHING WILD «Trippin out / She’s kinda weird» Sundazed
Quand est apparue il y a deux, trois ans cette nouvelle pratique consistant à rééditer en 45t des titres déjà compilés sur les Pebbles et autres Back from the grave, je me suis demandé quel pouvait en être l’intérêt ... Les morceaux étaient déjà disponibles, parfois étaient même des classiques du genre ... Ce single de SOMETHING WILD sorti chez Sundazed apporte une bonne partie de la réponse : Le son est parfait, les droits sont payés au groupe, on récolte par la même occasion un titre excellent, celui de la face B, et accessoirement on en apprend bien plus sur le groupe que ce que dévoilaient les maigres notes de pochette du Pebbles. Ajoutez à ça deux superbes photos du groupe dont une en couleur et un layout à la Sundazed, vous n’aurez plus un instant d’hésitation. «Trippin’ out» est l’un des pires (ou meilleurs selon comme vous l’entendez) échantillon de psychedelic-punk, entendez par là un morceau dérangé mais intense, brutal même par certains aspects, jusqu’auboutiste. La face B est un heavy-blues-punk, porté par un orgue et emmené par une voix poussée à souhait, un bijou. A acheter en même temps que le single des UGLY DUCKLINGS.


The STANDELLS «The live ones !» Sundazed
Wail live at Michigan state university, 1966.
Un live de 1966. Alors là, j’ai des doutes. De gros doutes. Première chose, il s’agit d’un vrai live. Des bandes dont le groupe ignorait jusqu’à l’existence ! Il ne s’agit pas d’une simple superposition de bandes d’applaudissements sur un enregistrement studio. Le bazar a vraiment été enregistré à la console. C’est de là que viennent mes doutes. A quoi pouvait bien ressembler un système de son pour un concert des STANDELLS en 66 ? Je ne sais pas à quoi ressemblait le système mais je peux vous dire que ce qui a été enregistré sur la bande est ... Roulements de tambour ... Je fais durer le suspence ... Ceux qui ont déjà lu que le disque vient de chez sundazed auront une idée ... Allez, j’arrête de vous faire languir ... Excellent. Franchement étonnant. Tout est là, super bien joué, avec une présence étonnante. Jeff Jarema vous le dit au dos de la pochette, éteignez la lumière, ouvrez une bière, envoyez le disque et vous aurez les STANDELLS dans votre chambre. Le temps de six chansons seulement, c’est un 10 pouces, vous aurez le quatuor pour vous tout seul. Avec une impression de réalité saisissante. Je le disais plus haut, les morceaux sont joués à la perfection (je suis particulièrement jaloux de la maîtrise du chant, pas de dérapage incontrollé, juste du cool), rien ne manque. Vous aurez même en prime les interventions des membres du groupe entre les morceaux. Du caviar. Pochette Sundazed-Superbe ... Qu’est ce que vous voulez que je vous dise encore ... Vous allez me dire que j’exagère ... Je vous donne juste les titres présents sur le disque et je vous laisse aller l’acheter. «Mr Nobody», «Why pick on me», «Mainline», «Gloria», «Sometimes good guys don’t wear nothin’» et évidemment «Dirty water».
The STONED «Paint it black writer» Dbs records
Ca, c’est le pur truc qui déboule de nulle part. Pas de bio, pas d’antécédants connus par ici ... Le néant. Des Hollandais, c’est tout ce que je sais d’eux. Bon, le titre de l’album délimite un peu la chose ... Quoi qu’en fait, il n’y a pas trop de BEATLESries dans tout ça. Un peu plus de STONESries ... Mais sans plus. L’autre piste, c’est la reprise de CREEDANCE CLEARWATER REVIVAL ... Peut être des GOLLIWOGS, je ne sais pas trop ... Mais là aussi, plutôt fausse piste. Bon, je ne vais pas vous laisser mariner plus longtemps, c’est du côté des THEM/BELFAST GYPSIES, de Q 65, des STAIRS qu’il faut aller chercher. Prenez ces gars, gavez les d’amphétamines, lâchez les dans la nature, il y a peut être une chance qu’ils arrivent à pondre un truc dans le genre des STONED. Ce disque est une version hystérique de British R’n’B assaisonné de garage-punk US, le tout emmenée par un chanteur au bord de la crise d’épilepsie. Un peu comme si Mick Farren & The DEVIANTS attaquaient le répertoire des TELL TALE HEARTS en laissant de côté sa lysergie. Un vrai régal, un festival de rave-ups, de lignes de basses tout en rondeurs maltraitées par le sauvage évoqué ci-dessus, mitraillé par un guitariste qui répond au doux patronyme de «Erwin Rommelman» ! Avec un nom qui évoque les charges de l’Afrika korps, vous devez un peu savoir à quoi vous en tenir non ?

 

 

 

 

 

THINGS TO COME «I want out» Sundazed
A ne pas confondre avec les THINGS TO COME de Chicago rendus «célèbres» pour leur reprise de «I’m not talking» des YARDBIRDS sur le Pebbles Vol 10. Ceux-ci sont de la région de Los Angeles et sont parvenus jusqu’à nous grâce à la face A de leur premier 45 t «Sweetgina».
Je sais, les colonnes de ce «journal» sont bombardées d’une pluie incessante de superlatifs ... Forcément les dits superlatifs en perdent un peu de leur teneur. Il reste une solution. Une seule solution. Faites comme si c’était la première fois. Vous n’avez jamais rien lu de mes conneries auparavant et vous tombez sur cette chronique. Et quand je vous dis que ce disque est génial, fantastique, incroyable ... Vous me croyez !
Et vous avez raison. Foutrement raison. Ce disque est mortel.
Attention, il s’agit d’une compilation de tout ce que le groupe a enregistré entre 1965 et 1967, il faut en tenir compte en l’écoutant. La première face (sept morceaux) fait preuve d’une belle unité : Pas un seul morceau à jeter. On sent l’ombre de Van Morrison/THEM planer sur le chant, un peu de Dylan aussi, l’ensemble restant parfaitement homogène. Et il y a des perles. «Sweetgina». Une perle de British R’n’B, traversée du début à la fin par une même ligne d’orgue. Lumineuse. Répétée à l’infini. Le reste n’est que grognements, accélérations, distorsions. Comme si une bande de sauvages massacrait sciemment un morceau des THEM. Le poussait jusqu’aux limites. A leur sauce. Un chef d’oeuvre.
Il y a aussi «Speak of the devil». Sorti à l’origine en face B de «Sweetgina». Un morceau sombre, menaçant, porté par un interminable roulement de caisse claire, emmené par un chant angoissé, puissant et qui se termine sur un long feedback de fuzz, quasi douloureux. Trois minutes de tension qui ne peuvent se comparer qu’à une autre merveille de l’album «Darkness». Peut-être le summum de leur art. Démarrant sur riff d’orgue en arpège, une longue montée en intensité attaquée à mis morceau par un chorus de fuzz. Le tout soutenant une voix blindée de reverbe ... Sans équivalant. Sans concessions.
Ils n’ont pas non plus leur pendant pour transformer avec «I want out» ce qui aurait pu être un folkrocker à la BYRDS en un truc poisseux, punk, à la limite des ténèbres. Juste à la limite. «Behold now behemoth» lui aussi commence comme un folk-rocker mais sombre tout de suite, comme s’il n’arrivait pas à se retenir et fait le lien avec «Darkness» et «Speak of the devil». Une autre perle. Les seuls moments de faiblesse sont un ou deux titres enregistrés sans Steve Runolfsson, leur chanteur organiste qu’ils avaient eu la sale idée de sacquer sur les conseils d’un producteur foireux.Steve ne s’en est jamais remis, le groupe non plus. Les titres en question sont des espèces de STRAWBERRY ALARM CLOCKeries un peu trop sucrées ... Ca n’enlève rien au reste, ce disque est une merveille.
THE TILES «I can’t sleep at night / I let her be» Ugly Things
En plus d’UGLY THINGS et des LOONS, Mike Stax s’est mis dans la tête de sortir des disques. The TILES, un groupe allemand de Saarbruck est la première sortie de Ugly Things records. Deux titres Beat-Punk enregistrés en 1966 et jamais sortis depuis. Pensez Back from The Grave vol 6. Les morceaux pleins de guitares, aux aigus transperçants ... Pas pour les audiophiles. L’énergie et la simplicité des titres devraient ravir les suffrages des fans du genre ... Le nouveau venu ne les trouvera peut être pas des plus accessibles.

THE UGLY DUCKLINGS «Nothin’ / I can tell» Sundazed
Prenez un de ces types qui rêvaient de se transformer en Mick Jagger et qui en rajoutaient tellement qu’ils finissaient par l’enterrer complètement de morgue, d’arrogance et de fougue. Plantez un riff ultra cool et tonitruant, poussez les volumes à fond jusqu’à ce que la voix soit à la limite de la distortion, ajoutez un chorus de fuzz à endormir Jeff Beck ... Et vous saurez enfin ce que Punk-rock signifie. Ni plus, ni moins.

 

 

 

 


The VON BONDIES «Lack of communication» Sympathy
Il y a des choses qui me remplissent d’aise. L’une d’entre elles est quand commence à émerger une scène, un paquet de groupes avec une culture en commun, une vision, peut être un peu un son ... Un truc qui tient au ventre face aux Yuppies, aux trendies, aux empaffés de clubbers. Un truc qui sort de l’ombre, qui s’amène le coeur dans la main mais pas prêt pour autant à se donner au premier venu. «Are you ready for darkness ?» comme disait l’autre ... Et bien un truc de ce genre surgit un peu de Détroit ces derniers temps. Je ne sais pas ce que ça va donner sur la longueur mais il y a des signes et ce petit monde a au moins un pied dans le garage.Y-A BON. Les VON BONDIES en font partie (En ce qui me concerne ,je n’ai plus rien à attendre du Hardcore et de ses posteries en tous genres ... Rien d’autre que des saloperies de groupes de mathématiciens ou d’étudiants en problèmes existentialistes, ou pire, de snowboarders potaches). Deux filles, deux garçons. Guitares, basse, batterie. Blues un peu. Punk, un peu. Garage, un peu aussi. Normal, c’est tout la même merde. Prenez un shaker dans vos petites mains transies, mettez-y un peu de GUN CLUB, pas trop ... Ajoutez une dose de Pebbles et assimilés, jetez du maléfisme et de la noirceur (c’est vrai qu’avec le GUN CLUB, mais bon ... Au cas où on vienne à manquer), ajoutez une Fuzz, allez-y cette fois, n’hésitez pas, il n’y en a jamais trop ... Et secouez, faites réagir. VON BONDIES. Ils ne vont pas sauver le monde, pourquoi se fatiguer à sauver tous ces fils de putes ? Ils vont vous en mettre plein les feuilles et faire un peu circuler le liquide poisseux qui tient le rôle de fluide sanguin dans votre carcasse de mort vivant. Peut être même qu’avec un peu de chance tout ça va réussir à irriguer de nouveau votre cerveau quelques secondes ... Vous faire réagir ... Ou alors à quoi bon ?
V/A «Before the birdmen flew» Vol 1-2-3-4
Je ne parle que rarement des disques que je n’aime pas ... Ce sont les bons disques qui me donnent envie de me coller devant mon clavier, c’est le plaisir que j’ai envie de partager. Il faut vraiment que le truc soit hyper merdique ou déplaisant et médiatisé pour que j’ai envie de lui tailler un costard. Ou alors il faut que ça m’énerve. Exemple, souvent les groupes scandinaves. Attitudes de merde parce qu’ultra-américanisés à en devenir ridicules et sexistes débiles (voir paragraphe sur les filles et le Rock’n’roll dans la chronique de GASOLINE). Là, j’ai envie de tailler. Mais dans la majorité des cas, je parle des choses que j’aime. Tout ça pour vous dire qu’une fois de plus je ne vais pas savoir comment vous décrire sans vous sembler exagérer le contenu de cette série. Parce qu’une fois de plus c’est exceptionnel. Petit retour en arrière pour les plus jeunes de nos lecteurs. Il existait, il y a très longtemps de cela (!), une série de compilations répondant au doux patronyme de «Ugly Things» ... Deux ou trois volumes parus chez Raven records et remplis jusqu’à la gueule de groupes Australiens et Néo-Zelandais. Des compilations explosives, aujourd’hui complètement introuvables. On peut dire grosso-modo que cette série sert de base de départ à celle qui nous intéresse ici. A priori, il y a quatre volumes. Pour délimiter un peu le terrain, sachez qu’on reconnait souvent les australiens de leurs cousins américains par leur crin plus long et l’usage immodéré qu’ils font de la guitare. Les compositions sont plus souvent basées sur le British R’n’B que celles des Yankees. Souvent plus sauvages. On sent les prémisses du Hard-rock chez les australiens. Plus précisément on sent ce qu’aurait pu être le Hard-rock si les musiciens avaient eu le sens du ridicule et de la mesure. Tout ça ne vaut que ce que valent les généralités mais cela devrait au moins vous guider une peu.
Chroniquer en détail quatre volumes me parait un peu lourd, je me propose donc de vous décrire le numéro un pour vous mettre l’eau à la bouche ... Histoire de vous donner envie de vous jeter sur la série complète.
«By my side» des ELOIS, qui sont peut-être les plus US-Garage-Punk du lot entame le débat. Un riff de fuzz néandertalien pour un chanteur qui ne l’est pas moins. Difficile d’imaginer la fille qu’ils espéraient avoir à leurs côtés avec une chanson pareille. Larsen de fuzz à profusion. Proto-Mosh-part au millieu du morceau, batteur en rapport. Parfait. A une époque, ce morceau avait inspiré des reprises aux HARD ONS et aux MORLOCKS. Suivent les BLACK DIAMONDS ... Qui me permettent de cerner un autre élément qui fait que ces groupes australiens me plaisent tant, la touche de mélancolie qui teinte nombre de leurs morceaux, même les plus agressifs. «I want you, I need you» en est un exemple parfait. Sauvage à souhait mais avec de la caboche derrière. De la caboche qui cogite. De la tuerie. MOODS «Rum drunk», PURPLE HEARTS «I’m gonna try» ... Mélodies, martellements, fuzz, arpèges tueuses. Pas un instant de répit ne vous est donné. Si après ça vous n’empoignez pas une guitare, vous êtes un extraterrestre. Juste un peu plus de calme avec les SUNSETS «I want love». Un calme tout relatif. Moins de guitare en tous cas car le morceau est basé sur un riff d’orgue et un tempo assez lent mais tout de même une bonne intensité. Un refrain impitoyable. Suivent pour terminer la face THANE RUSSEL, The POGS, The MORCOCH qui ne sont pas mauvais, juste un petit peu en deçà de ces cinq premiers morceaux fabuleux. Quoique, «Pogs theme» n’est vraiment pas mal du tout ! La Face B commence elle aussi par un transfuge des UGLY THINGS, les LA DE DAS avec «Little girl», un morceau Beat-punk à souhait coupé par un refrain piqué à des cousins d’amérique. The VACANT LOT (Paye ton nom punk-rock !) reprennent un classic Motown, «leaving here» à la manière des BIRDS. Super cru, avec juste ce qu’il faut de distortion pour donner un peu de chaleur à la mise en pièces du standard. Pas aussi énorme que la version des BIRDS mais une sacrée classe quand même. Pas facile d’égaler Ron Wood et ses amis sur ce terrain. GRANDMA’S TONIC reprennent à perfection un titre des TROGGS ... Ils lui mettent même des vitamines par rapport à l’original. Suivent les JACKSON KINGS, avec un pur morceau de Rhythm and blues traité à la sauvage, orgue à l’appui, terrible ... «Watch your step» était déjà de toutes façons un point fort de la série des UGLY THINGS. Les PRETTY THINGS étant une grosse influence aux antipodes, STEVE and The BOARD n’y ont pas échappé en reprenant «Rosalyn», le premier single des Pretties. Déjà pas une contine au départ, le morceau est ici speedé et distordu à outrance. Il n’y a que le chanteur pour retenir un peu les chevaux.Terrible.
Il fallait en vouloir pour s’appeller les PINK FINKS ... Il leur fallait au moins un nom pareil pour aller avec «You’re good to me», un super morceau Blues-punk posé et puissant. Un peu dans le registre des REMAINS en moins mélodique. Avec la même place pour les guitares. Pour terminer la face B, Les D-COYS ... «You’re against». Un morceau mélodique, chanté tout le long en coeur mais avec une attitude et une énergie qui le transcendent. Encore une perle. Vous pouvez vous dire que le menu qui vient de vous être décrit colle dans l’esprit aux trois autres volumes ... Vous pouvez vraiment y aller les yeux fermés. Sérieusement. La série étant éditée par un bootleger européen , elle doit pouvoir se trouver à un tarif abordable.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

V/A «The freak beat scene» Deram
Freakbeat. Balbutiements psychédéliques encore emprunts de mélodies et structures beat ? Errements pré-proto punks ? Un peu tout ça, certainement pas en tous cas une entité clairement définie. Plutôt une espèce de fourre tout pour ce qui ne suit pas les sentiers balisés ... Soit les rejetons les plus dérangés du British-beat/Rhythm and Blues. Tout ce qui flirte encore avec les mélodies et les structurres simples mais qui s’offre expérimentations sonores, cisaillements distordus, rave-ups furieux, errements dans les recoins les plus sombres de notre âme. Pour essayer de baliser le terrain avec quelques repères connus, tracez un cercle avec, disons, «Biff Bang, Pow» des CREATION, «It’s happening ten years ago» des YARDBIRDS, «I can see for miles» des WHO et «My friend jack» des SMOKE aux quatre points cardinaux. Je crois que vous aurez un champ assez bien délimité. N’importe quel fan de Rock’n’roll ou de punk-rock doté d’un tant soit peu de goût ou d’esprit d’aventure y trouvera plus que son compte. Il sera comblé par les relents de Psychédélisme des HUMAN INSTINCTS qui fleurent autant le Londres de 1967 et ses photos d’hommes allumettes qu’un AMERICAN BREED qui aurait laissé ses sucettes à la maison ... Il retrouvera les Mods sous acide de FIRE, les furieux de The ATTACK qui ne lui laisseront pas une minute de répit avec «Anymore than I do» (qui ont d’ailleurs de quoi assumer la demande avec toute une série de singles et de titres inédits regroupés sur un excellent album chez ACME, bénéficiant juste d’un mastering un peu faiblard), les SYN et leurs relents garage-punks US, les CRYAN SHAMES, l’une des révélations (au moins en ce qui me concerne) de ce FREAKBEAT SCENE avec un riff éclaté par un énorme tremolo que seuls les ELECTRIC PRUNES ou les SMOKE pourraient prétendre égaler. Que dire du rendu ultra plombé de «Stepping stone» des FLIES ? Des toujours très élégants POETS dont il va falloir se procurer au plus tôt la rétrospective sortie par Corduroy cette année. Des relectures de standards des BEATLES par les SCORES («Please, please me») et les LOOSE ENDS («Taxman» façon MUSIC MACHINE). Des TIMEBOX (à creuser du côté de la retrospective DERAM) pour un titre ultra pimpant sonnant comme une bande de Mods qui auraient piqué les guitares des BYRDS en train de jouer «Eight miles high» mais n’oubliant pas pour autant les amphétamines ...(Thud !) Des BEATSTALKERS avec un excellent «You better get a hold on» à mettre dans le même bac que les SMALL FACES de la meilleure époque ... Il n’y a rien d’autre à dire. Une fois de plus vous n’avez aucune excuse. Même pas celle du prix parce que vous pouvez vous procurer cette compilation, agrémentée d’un booklet à la hauteur pour moins de dix sacs ... Vingt cinq titres, pas un seul plomb, avec les photos, les explications qui vont avec pour moins de cent balles ...

 

 

 

 

ZAKARY THAKS «Form the habit» Sundazed
ZAKARY THAKS. Vraie légende du Texas. Corpus Christi pour être précis. On dit toujours que le Texas a souvent engendré par son environnement répressif et attardé les groupes les plus furieux ... Si je regarde au début des années 80, on ne peut que confirmer ... DICKS, MDC, DRI, VERBAL ABUSE, REALLY RED, BIG BOYS, BUTTHOLE SURFERS ... Que des braves, que des graves ! Pour la période qui concerne ZAKARY THAKS, on trouve les 13th FLOOR ELEVATORS, les OUTCASTS, LIBERTY BELL ... Des tonnes de trucs. ZAKARY THAKS sont parmis les plus connus, ce n’est pas pour rien. Ils sont responsables d’un morceau atomique qui figure sur l’un des premiers Pebbles, «Bad girl». Un piétinement sauvage de l’idée que se faisaient les anglais du Rhythm’n’ Blues. Un truc qui déboite grave. Primaire, enlevé et mal elevé. Heureusement, leur contribution au punk texan ne s’est pas limité à ce titre. Ils ont eu trois ans pour sévir, le temps d’évoluer vers un acid-rock largement porté sur la fuzz. Entre temps, ils ont essaimé des titres implacables comme «Face to face», «Won’t come back», «Can you hear your daddy’s footsteps» superbes morceaux punks, chargés à souhait en mélodies, gavés de guitare-fuzz et emmenés par un chanteur de quinze (15 !) ans à l’incroyable maturité. Ils ont pu taquiner aussi le folk-punk (un-peu-folk-beaucoup-punk) avec «Please», «Mirror of yesterday», «My door», semant autant de pépites. Les deux titres un peu plus faibles, mixtures acid/blues/rock réunies à l’origine sur un même 45t, probablement sorti aux alentours de ‘69, se font oublier par de superbes versions instrumentales inédites à ma connaissance de «Face to face», «Daddy’s footsteps» et «Green crystal ties». Le tout est emballé par Sundazed qui une fois de plus s’est surpassé. Superbe pochette fold-out tout en couleurs avec des photos qui tuent, une longue interview de Chris Gerniottis, le chanteur. Qui d’autre à ajouter ... Le son est fabuleux, énorme. Masterisé à la perfection par Bob Irwin. Indispensable.

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